Les animaux éclaireurs de la conquête spatiale

Trois ans et demi avant le vol historique de Iouri Gagarine dans l'espace, la chienne Laïka devenait en novembre 1957, le premier être vivant à atteindre l'orbite terrestre.
En Union soviétique, les « cobayes » étaient essentiellement des chiens (et surtout des chiennes, plus dociles), tandis que les Américains ont préféré les singes, en raison de leur plus grande similitude physiologique avec l'homme.
Le premier animal à découvrir les effets de l'apesanteur à bord d'une fusée est un macaque rhésus, nommé Albert 1er, lancé en juin 1948 aux Etats-Unis sur une trajectoire balistique (parabolique) culminant à 63 km d'altitude.
Côté russe, les chiens Tzigane et Dezik vivent en août 1951 une expérience similaire et s'élèvent, eux, à 100 km de la Terre.
Il faut attendre le 3 novembre 1957 pour envoyer le premier « Terrien » dans l'espace, la chienne Laïka, qui ouvrira symboliquement, au prix de sa vie, le chemin des étoiles à l'être humain. Un mois après Spoutnik 1, la petite bâtarde aux allures de fox-terrier, revêtue d'une combinaison bardée de capteurs destinés à transmettre son rythme cardiaque, sa pression artérielle et sa fréquence respiratoire, quitte la Terre à bord de la capsule soviétique Spoutnik 2 pour un voyage sans retour.
Selon les informations officielles, l'animal a bien supporté sa mission à 1.600 km d'altitude, mission censée avoir duré entre sept et dix jours. Mais, il faudra attendre 45 ans et un congrès sur l'espace aux Etats-Unis pour apprendre que Laïka est morte au bout de quelques heures à cause d'un dysfonctionnement du système de régulation thermique. Sa tombe céleste tournera autour de la Terre jusqu'au 14 août 1958, date à laquelle elle s'est consumée dans les couches denses de l'atmosphère.
La mission Spoutnik 2 est donc un échec partiel, mais ses enseignements permettent d'envoyer d'autres animaux en orbite, et surtout de les ramener vivants.
Ainsi, en août 1960, les chiens Strelka et Belka effectuent une série de révolutions autour de la Terre et reviennent sains et saufs.
Ils sont suivis, en mars 1961, de Zvezdotchka, en compagnie d'un mannequin de bois, surnommé Ivan Ivanovitch et qui a donné lieu à des rumeurs sur un vol humain. Le premier cosmonaute en chair et en os, Iouri Gagarine, accomplira sa mission historique trois semaines plus tard, le 12 avril.
Les Américains n'ont placé qu'un seul animal en orbite complète, le chimpanzé Enos, en novembre 1961. L'objectif de cette expérience était de tester la capsule à bord de laquelle devait prendre place John Glenn pour le premier vol orbital américain, en février 1962.

Le souvenir d'Enos a cependant été largement effacé par son prédécesseur, Ham. Son congénère lui a volé la vedette pour avoir décrit en janvier 1961 une trajectoire balistique en prélude au lancement du premier Américain à bord d'une fusée : Alan Shepard a refait l'exploit du premier « astro-singe » en mai suivant.
Plus récemment, en janvier 2001, la Chine a mis en orbite pour la première fois, un vaisseau spatial avec des rats, à son bord. Depuis, Pékin a rejoint le groupe très restreint des grandes puissances spatiales, en envoyant en 2003 par ses propres moyens des taïkonautes dans l'espace.
Quant à l'Iran, qui a annoncé vouloir envoyer un homme dans l'espace, il a testé avec succès, en 2010, une fusée de fabrication locale, contenant plusieurs animaux vivants, dont un rat, des tortues et des vers. En 2013, les autorités ont affirmé avoir récupéré sain et sauf un singe envoyé dans l'espace à bord d'une fusée.