Le cosmodrome de Baïkonour, base spatiale russe en Asie centrale

 

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Vue du cosmodrome russe de Baïkonour lors du lancement d'une fusée Soyouz, le 2 avril 2010 Vyacheslav Oseledko - AFP
Vue du cosmodrome russe de Baïkonour lors du lancement d'une fusée Soyouz, le 2 avril 2010. Vyacheslav Oseledko - AFP

Le cosmodrome russe de Baïkonour, construit dans les années 50 au Kazakhstan, une république d'Asie Centrale qui faisait alors partie de l'URSS, est l'une des trois bases spatiales dans le monde capables d'envoyer des missions habitées dans l'espace, avec le centre américain Kennedy à Cap Canaveral (Floride) et la base de Jiuquan, au nord-ouest de la Chine.

Le cosmodrome a été construit dans la steppe désertique du Kazakhstan à une vitesse record, les Soviétiques voulant à tout prix devancer les Etats-Unis, leur rival, dans la conquête spatiale. La construction de ce « polygone expérimental de recherches scientifiques » commence en janvier 1955, dans le plus grand secret afin de tromper la vigilance des espions occidentaux.

Les autorités ont choisi une région très peu peuplée, à l'est de la mer d'Aral, qui présente plusieurs avantages : la proximité de l'équateur, facilitant les lancements du point de vue technique, le climat - plus de 300 jours ensoleillés par an - , le relief - une grande plaine -, la présence d'un fleuve, Syr-Daria, et d'une voie ferrée.

Les travaux se poursuivent jour et nuit dans des conditions éprouvantes : -30°C degrés en hiver, plus +40°C en été. Fin 1955, quelque 1.900 militaires et 600 civils travaillent sur le chantier. Un an plus tard, la construction des principaux sites est achevée.

Le premier lancement à Baïkonour date du 15 mai 1957 avec le tir du missile intercontinental balistique R-7, conçu par le constructeur Sergueï Korolev. C'est un échec, la fusée s'enflamme après le décollage. Le 4 octobre suivant, une autre fusée R-7 réussit à mettre en orbite le premier satellite artificiel de la Terre, Spoutnik. L'URSS a devancé les Etats-Unis de quatre mois.

Le 12 avril 1961, Iouri Gagarine décolle à bord de Vostok-1 et reste 108 minutes en orbite. C'est le premier vol humain dans l'espace. Depuis, plus d'un millier de satellites et des dizaines d'équipages de spationautes sont partis dans l'espace de ce cosmodrome.

Mais Baïkonour n'a pas connu que des heures de gloire. En 1960, un prototype de fusée explose sur l'aire de lancement provoquant la mort de plus d'une centaine de personnes. Cette tragédie sera cachée par les autorités soviétiques jusque dans les années 1990. Un mémorial a été érigé et les techniciens de l'Agence spatiale fédérale russe s'y recueillent avant chaque lancement.

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Le cosmodrome de Baïkonour, avant le lancement de la fusée Soyouz vers la Station spatiale internationale en novembre 2009 - AFP
Le cosmodrome de Baïkonour, avant le lancement de la fusée Soyouz vers la Station spatiale internationale en novembre 2009 - AFP

Aujourd'hui Baïkonour s'étend sur 85 km du nord au sud et 125 km d'est en ouest. Le cosmodrome se développe grâce aux lancements commerciaux, mais son avenir est incertain. Depuis la chute de l'URSS, la Russie loue le site au Kazakhstan pour procéder à ses lancements de Soyouz, seul moyen de rejoindre la Station spatiale internationale (ISS). Le bail qui coûte à la Russie 115 millions de dollars par an est valable jusqu'en 2050, mais Moscou affirme régulièrement vouloir transférer une partie de ses lancements, en particulier militaires, sur le territoire russe.

En avril 2016, le nouveau cosmodrome de Vostotchny, dans l'Extrême-orient russe, a connu son premier lancement inaugural, un Soyouz chargé de mettre trois satellites en orbite. Symbole des ambitions retrouvées de l'industrie spatiale russe, cette base, sortie de terre en moins de cinq ans dans la région de l'Amour, doit remplacer à terme le vénérable Baïkonour.

 

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Présentation de la ville de Baïkonour où est installé le centre spatial soviétique - INA