Hiroshima, Nagasaki : Des pertes difficiles à chiffrer
Les bombes atomiques larguées sur les villes d'Hiroshima et Nagasaki ont fait au moins 200.000 morts, mais 70 ans après les pertes restent difficiles à chiffrer précisément.
Dès 1945, deux éléments ont entretenu le flou. Hiroshima comptait alors quelque 350.000 habitants, Nagasaki moins de 200.000, mais des dizaines de milliers de personnes, notamment des femmes et des enfants, s'étaient réfugiées à la campagne par crainte des bombardements de l'aviation américaine. D'autres habitants gagnaient les banlieues le soir et revenaient le lendemain. Sous l'effet des explosions, les corps d'un grand nombre de victimes ont par ailleurs été entièrement désintégrés rendant les décomptes aléatoires.
Selon le Département de l'énergie des Etats-Unis (DOE), 70.000 personnes ont été tuées immédiatement à Hiroshima et 40.000 à Nagasaki. Mais un nombre à peu près identique sont mortes rapidement de leurs blessures ou sous l'effet des radiations. Un bilan global de 140.000 victimes pour Hiroshima et 74.000 à Nagasaki jusqu'à la fin 1945 est généralement admis.
Des survivants des deux explosions
La municipalité d'Hiroshima évalue pour sa part le nombre total de morts liés à la bombe à environ 220.000, celle de Nagasaki à 130.000, avec le décès, notamment au cours des cinq années qui ont suivi le bombardement, de personnes exposées aux radiations.
Le nombre de survivants irradiés d'Hiroshima et Nagasaki, les « hibakusha », s'élèverait à 266.000, selon les autorités japonaises. Quelques rares personnes, les « niju hibakusha », ont même survécu aux deux explosions atomiques de l'histoire, des survivants d'Hiroshima ayant cherché refuge chez des proches à Nagasaki.
Si les deux bombes étaient de puissances équivalentes - 15 à 17 kilotonnes -, la configuration des deux villes, avec notamment un relief coupé de collines et de vallées à Nagasaki, explique en partie que les conséquences des bombardements aient été différentes. A Hiroshima, près de 10 km2 furent rasés et 70.000 maisons détruites, dans le centre densément peuplé de la ville. A Nagasaki, près 5 km2 furent détruits, mais le bombardement toucha en particulier une zone industrialisée, moins peuplée, qui fut détruite à 70%.
Dans cette ville, la cathédrale consacrée au martyre des chrétiens du XVIIe siècle a également été entièrement détruite. 9.000 des 10.000 catholiques de Nagasaki, le principal foyer du catholicisme au Japon, qui résidaient dans le périmètre, ont péri lors du bombardement.