Harry Truman, l'homme qui a déclenché le feu nucléaire

 

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Harry Truman entre Joseph Staline et Winston Churchill, le 17 juillet 1945 à Potsdam (Allemagne) - AFP
Harry Truman entre Joseph Staline et Winston Churchill, le 17 juillet 1945 à Potsdam (Allemagne) - AFP

Pâle doublure de Franklin Roosevelt dans les derniers mois de la guerre, Harry Truman devenu président des Etats-Unis décide seul de bombarder Hiroshima. Et il reste à ce jour le seul homme à avoir osé déclencher le feu nucléaire.

Rien ne prédisposait Harry S. Truman à prendre l'une des décisions les plus importantes de l'histoire de l'humanité. Eternel second couteau de la politique, dernier président américain à ne pas avoir de diplôme universitaire, il va devenir le champion du « monde libre » en quelques mois, avec le début de la Guerre froide.

Etonnant parcours pour ce fils d'un marchand de bétail élevé dans une ferme ! Né le 8 mai 1884 dans le Missouri, il est refusé à l'académie militaire de West Point à cause de sa mauvaise vue et s'engage dans la garde nationale.

A l'entrée en guerre des Etats-Unis, en 1917, il se bat en France à la tête d'une unité d'artillerie qui combat jusqu'aux derniers jours du conflit. De retour chez lui, il ouvre une mercerie, mais le commerce fait faillite en 1921.

Reste la politique ! Grâce à la machine électorale du Parti démocrate, il est élu sénateur du Missouri en 1934 après avoir occupé plusieurs postes administratifs. Réélu de justesse six ans plus tard, il préside le comité sur les affaires militaires qui enquête sur les gaspillages et la corruption, comme les abus dans la construction des bâtiments, alors que le pays se prépare à la guerre. Les succès du « comité Truman » - qui aurait permis au budget fédéral d'économiser 15 milliards de dollars - le propulsent sur le « ticket » démocrate, pour le poste de vice-président, avant l'élection présidentielle de 1944.

Facilement réélu, Franklin Roosevelt échange peu avec ce vice-président effacé, qui ignore jusqu'à l'existence du projet « Manhattan » pour doter les Etats-Unis de la bombe atomique.

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Harry Truman au côté du général Douglas MacArthur(photo non datée) - AFP
Harry Truman au côté du général Douglas MacArthur(photo non datée) - AFP

- Endiguer le communisme -

C'est seulement le 25 avril, deux semaines après la mort de Roosevelt, que le secrétaire d'Etat à la guerre Henry Stimson l'informe pleinement des possibilités colossales de la puissance atomique.

Les Etats-Unis allaient disposer d'une arme permettant d'arrêter la guerre, mais aussi d'un puissant levier pour peser sur l'Union soviétique et rompre avec la politique conciliante de Roosevelt durant les dernier mois de sa présidence.

« Je n'aime pas cette arme », note Truman dans son journal. Mais après la capitulation allemande, il doit décider de l'utilisation militaire de la bombe. Convaincu que seul un bombardement atomique convaincra Staline de la puissance américaine, l'ancien boutiquier du Missouri n'hésite pas. « Je savais ce que je faisais lorsque j'ai arrêté la guerre... Je n'ai aucun regret et, dans les mêmes circonstances, je le referais », écrira-t-il.

Fort de cet énorme atout technologique et militaire, Harry Truman va rompre avec la politique étrangère américaine, traditionnellement isolationniste, et prôner l'endiguement de l'Union soviétique pour stopper l'avancée communiste.

« Je crois que nous devons aider les peuples libres à forger leur destin », déclare-t-il le 12 mars 1947 devant le Congrès. La « doctrine Truman » se traduit en particulier dans les mois qui suivent par le « plan Marshall » pour la reconstruction de l'Europe.

Après sa réélection en 1948, son second mandat est marqué par de vives tensions internationales, avec l'explosion en août 1949 de la première bombe nucléaire soviétique et le début de la guerre de Corée l'année suivante. Tensions qui déclenchent la vague du maccarthysme, la traque des sympathisants communistes, sur le sol américain.

Très impopulaire à son départ de la Maison Blanche, Harry Truman sera peu à peu réhabilité par certains historiens américains.

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Le discours atomique de Harry Truman - INA