Les autres procès des criminels de guerre nazis
Le procès de Nuremberg a été le premier d'une série de procédures intentées par les justices allemande et d'autres pays pour juger d'anciens criminels de guerre nazis. En voici les principales:
- En 1946 et 1949, la seconde série des procès de Nuremberg (12 au total) voit comparaître 177 médecins, juristes, militaires et industriels ayant participé à la politique du régime nazi. Vingt-quatre sont exécutés, 118 sont condamnés à des peines de prison (20 à perpétuité), 35 sont acquittés.
- En 1965, 22 responsables du camp d'extermination d'Auschwitz sont condamnés par un tribunal de Francfort (sud-ouest). Parmi eux figurent Robert Mulka, l'adjoint de Rudolf Hoess, commandant SS du camp d'Auschwitz.
- En 1992, Josef Schwammberger, ancien commandant de camps de travail dans la région de Cracovie (Pologne) entre 1942 et 1944, est condamné à la réclusion à perpétuité par un tribunal de Stuttgart (sud-ouest) pour meurtres et complicité de meurtres de détenus juifs.
- En avril 1961, Adolf Eichmann, l'un des principaux exécutants de la « solution finale » , est jugé par un tribunal israélien après avoir été enlevé à Buenos Aires. Il est pendu le 31 mai 1962 à la prison de Ramleh, près de Tel Aviv.
- En 1987, l'Allemand Klaus Barbie, chef de la Gestapo à Lyon, est condamné par la justice française à la prison à vie pour crimes contre l'humanité, notamment pour la déportation en 1944 de 44 enfants juifs.
- L'année suivante, John Ivan Demjanjuk, accusé d'être l'un des bourreaux du camp de Treblinka (Pologne), est condamné en Israël à la pendaison pour crime contre l'humanité. Il sera toutefois acquitté au bénéfice du doute par la Cour suprême d'Israël en 1993. Il est rejugé en 2009 en Allemagne et condamné à cinq ans de prison.
- Des procès, parfois mal connus des historiens, ont aussi eu lieu en URSS. Ainsi en 1988, un collaborateur des nazis devenu SS, Alexandre Possevine, accusé d'avoir participé aux massacres de civils en Ukraine, a été condamné à mort et fusillé.
- En 1998, l'ex-officier SS Erich Priebke est condamné à la réclusion à perpétuité par la justice italienne pour sa participation au massacre des Fosses ardéatines (335 otages exécutés à Rome). Au vu de son âge (85 ans), la peine est commuée en internement à domicile. Il meurt en 2013.
- En 1999, le Croate Dinko Sakic, ancien commandant du camp de concentration croate de Jasenovac, est condamné à vingt ans de prison pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité par le tribunal de Zagreb.
- En 2011, le Hongrois Sandor Kepiro, 97 ans, alors en tête de la liste des criminels nazis du centre Simon Wiesenthal, est acquitté de l'accusation de complicité de crimes de guerre en Serbie en 1942 par le tribunal de Budapest.
- En 2015, l'ancien comptable d'Auschwitz Oskar Gröning, 94 ans, est condamné en Allemagne à quatre ans de prison pour « complicité » dans le meurtre de 300.000 Juifs.
A l'heure actuelle, une douzaine de procédures sont encore engagées par la justice allemande contre d'anciens SS, censées illustrer la volonté de juger « jusqu'au dernier » les criminels nazis après des décennies d'un bilan judiciaire critiqué pour ses réticences, pendant longtemps, à engager des poursuites très larges.
Cependant, 70 ans après la fin de la guerre, seuls restent en vie de simples exécutants, trop jeunes à l'époque pour avoir occuper des postes décisionnaires, et désormais nonagénaires.
Selon l'historien allemand Andreas Sander, quelque 6.650 personnes ont été condamnées depuis 1945 par les Alliés occidentaux, la RFA puis l'Allemagne réunifiée. Mais la plupart l'ont été pour dénonciations ou persécutions, contre 7% pour « meurtres de masse » - incluant le génocide des Juifs. Seules 9% des peines ont dépassé les 5 ans de prison, avec 166 condamnations à perpétuité.
L'ex-RDA s'est montrée bien plus radicale, avec 12.890 condamnés entre 1945 et 1989 et des peines plus lourdes.