20 novembre 1945 : début du procès de Nuremberg

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Le banc des juges du Tribunal militaire international de Nuremberg pris en septembre 1946 - AFP
Le banc des juges du Tribunal militaire international de Nuremberg pris en septembre 1946 - AFP

Par Bénédicte REY

Le 20 novembre 1945 s'ouvrait à Nuremberg le plus grand procès de l'histoire, au cours duquel 21 des plus hauts dirigeants du régime nazi, dont le successeur désigné d'Hitler Hermann Goering, ont eu pour la première fois à répondre de leurs crimes devant la justice internationale.

Depuis 1943, les puissances alliées préparaient le châtiment des criminels de guerre allemands. Avant même la capitulation, le principe d'un procès sans précédent, devant un tribunal international et en public, est arrêté.

Six mois seulement après la fin des hostilités, les procureurs issus des quatre puissances alliées réunissent 300.000 témoignages et quelque 6.600 pièces à conviction, étayés par 42 volumes d'archives.

Comme les procureurs, les juges représentent chaque pays allié : Etats-Unis (Francis Biddle), Royaume-Uni (Geoffrey Lawrence, qui préside le tribunal), France (Henri Donnedieu de Vabres) et URSS (le général Iona Nikitchenko).

Le procès se tient dans une ville en ruines, mais dont le palais de justice relié à une prison est encore debout. Nuremberg, ancienne cité impériale, est surtout la ville symbole du nazisme où Hitler tenait ses grands rassemblements et où ont été promulguées en 1935 les lois anti-juives.

Le 20 novembre 1945 à 10H00 du matin, dans la salle d'audience 600 du tribunal et en présence de centaines de journalistes, les propos liminaires de Geoffrey Lawrence donnent le ton: « Le procès qui va commencer est unique dans les annales du droit mondial » .

« La véritable partie plaignante à la barre, c'est la civilisation » , déclare pour sa part le procureur américain Robert Jackson, soulignant la mesure de l'événement et des attentes qu'il suscite.

Sur le bancs des accusés, se tiennent les plus hauts dignitaires nazis encore vivants après les suicides d'Adolf Hitler, Joseph Goebbels et Heinrich Himmler.

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Portrait non daté de Hermann Goering Inconnu - AFP
Portrait non daté de Hermann Goering Inconnu - AFP

Hermann Goering, ancien numéro 2 du régime, côtoie Rudolf Hess, l'adjoint d'Hitler, Alfred Rosenberg, l'idéologue du parti, Fritz Sauckel, le responsable du travail forcé, Joachim von Ribbentrop, le ministre des Affaires étrangères... Huit organisations criminelles sont aussi poursuivies.

Les accusés doivent répondre de complot, crimes de guerre, crimes contre la paix et, pour la première fois de l'histoire, de crimes contre l'humanité.

Tous les accusés plaident « nicht schuldig » (« non coupable » ). Mais un film tourné par les Alliés occidentaux sur les camps de concentration donne rapidement une autre dimension au procès.

Le verdict tombe le 1er octobre 1946 après 218 jours d'audience: douze condamnations à mort (dont une par contumace pour Martin Bormann, le secrétaire d'Hitler dont on ignore alors la mort), trois condamnations à la prison à vie, deux peines de vingt ans de prison, une de quinze ans et une de dix ans.

Trois des accusés échappent à la prison. Des acquittements qui surprennent les observateurs à l'époque, mais crédibilisent le verdict d'un procès que ses instigateurs voulaient « équitable » .

Inédit dans sa forme, Nuremberg n'échappe cependant pas à la critique d'une justice faite par les vainqueurs et n'est pas exempt de zones d'ombres (le massacre de Katyn que l'accusation soviétique essaye en vain d'imputer aux nazis, le pacte germano-soviétique escamoté des débats...).

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Les accusés au procès de Nuremberg - AFP
Les accusés au procès de Nuremberg - AFP

Le 16 octobre 1946 à 01H00 du matin, dix des condamnés à mort sont pendus. Hermann Goering s'est suicidé quelques heures auparavant dans sa cellule en avalant une capsule de cyanure pour échapper à une pendaison qu'il jugeait indigne d'un soldat.

Tous les corps, y compris celui de Goering, sont incinérés et leurs cendres répandues dans un affluent de l'Isar, pour éviter que leurs tombes deviennent des lieux de rassemblements.

Nuremberg sera le lieu de douze autres procès de responsables nazis (docteurs, ministres, militaires...), tandis qu'à Tokyo une procédure similaire sera mise en place de 1946 à 1948 pour juger les criminels de guerre japonais.

Ils feront naître l'espoir d'une justice internationale. Mais il faudra attendre 1993 et le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie pour que des dirigeants soient à nouveau jugés pour crimes contre l'humanité. La Cour pénale internationale (CPI), lointain héritage de Nuremberg verra, elle, le jour en 2002.

 

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L'ouverture du procès de Nuremberg - INA