70 ans de stars, de scandales et de chefs-d'oeuvre

 

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Quentin Tarantino pose avec la Palme d'or qu'il a reçue pour Pulp Fiction, le 23 mai 1994 - Patrick Hertzog - AFP
Quentin Tarantino pose avec la Palme d'or qu'il a reçue pour Pulp Fiction, le 23 mai 1994. Patrick Hertzog - AFP

Films hués, seins dénudés et poing rageur : l'histoire du festival de Cannes est un scénario riche en scandales, coups de théâtre et grands moments de cinéma.

- 1939 : La première édition du festival aurait dû avoir lieu du 1er au 20 septembre. Elle est annulée pour cause de guerre.

- 1946 : Diplomatie oblige, « le vrai » premier festival de Cannes couronne onze films, un par pays représenté, dont déjà plusieurs chefs-d'oeuvre comme « Rome, ville ouverte » de Roberto Rossellini qui inaugure le style néo-réaliste. Le jury couronne, entre autres, « La bataille du rail » de René Clément, et Michèle Morgan, qui reçoit le prix d'interprétation féminine pour « La symphonie pastorale ».

- 1947 : Le palais, construit à la hâte, n'est pas terminé. Des bâches tiennent lieu de toit. Elles sont emportées par un orage, la veille du palmarès.

- 1948 et 1950 : pas de festival, faute d'argent.

- 1954 : Robert Mitchum est photographié avec une nymphette aux seins nus, Simone Silva. La starlette doit faire ses valises.

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Federico Fellini pose avec la Palme d'or reçue pour La dolce vita, entouré de Melina Mercouri (G) et Jeanne Moreau (D) - AFP
Federico Fellini pose avec la Palme d'or reçue pour La dolce vita, entouré de Melina Mercouri (G) et Jeanne Moreau (D) - AFP

- 1955 : L'actrice vedette d'Alfred Hitchcock, Grace Kelly, rencontre Rainier, prince mélancolique, qui vit non loin de là, à Monaco.

- 1956 : Le documentaire d'Alain Resnais sur les camps de concentration « Nuit et Brouillard », qui confronte l'Allemagne à son passé nazi, est retiré de la sélection sur demande de Berlin, afin de ne pas porter atteinte aux relations franco-allemandes.

- 1959 : Couvé par Jean Cocteau, flanqué d'un adolescent du nom de Jean-Pierre Léaud, François Truffaut, 28 ans, fait l'événement avec « Les 400 coups », qui obtient le prix de la mise en scène.

- 1960 : « L'Avventura » de Michelangelo Antonioni déstabilise les cinéphiles en faisant éclater les conventions du film policier. Le long métrage reçoit le prix du jury, mais devant le concert de sifflets que le film provoque, Monica Vitti fond en larmes.

Condamné par le Vatican et hué par le public, « La dolce vita » de Federico Fellini reçoit la Palme d'or.

- 1965 : L'actrice américaine Olivia de Havilland, première femme présidente du jury.

- 1968 : Les soubresauts de mai gagnent la Croisette. Des cinéastes contestataires, accrochés au rideau, arrêtent une projection, des membres du jury démissionnent, des réalisateurs retirent leur film de la compétition. Le festival est interrompu avant la fin.

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Maurice Pialat lève le poing en réponse aux sifflets du public, le 19 mai 1987 - CHRISTOPHE SIMON - AFP
Maurice Pialat lève le poing en réponse aux sifflets du public, le 19 mai 1987. Christophe Simon - AFP

- 1973 : Le festival a du mal à digérer « La grande bouffe » de Marco Ferreri et « La maman et la putain » de Jean Eustache.

- 1979 : Françoise Sagan, présidente du jury, se fâche avec le festival qui refuse de payer sa note de téléphone et dénonce une «compétition truquée». Selon elle, le jury a fait l'objet de « pressions » pour couronner ex-aequo «Le Tambour» de Volker Schloendorff et «Apocalypse Now» de Francis Ford Coppola, alors qu'une forte majorité s'était dégagée en faveur du premier.

- 1983 : Le nouveau palais des festivals, surnommé « le bunker », est inauguré sur l'emplacement de l'ancien casino.

Isabelle Adjani boude les photographes. Ils lui rendent la pareille en déposant leurs appareils lorsqu'elle monte les marches pour « L'été meurtrier ».

- 1985 : Jean-Luc Godard, venu présenter « Détective », reçoit une tarte à la crème.

- 1987 : Sous les sifflets de la salle, Maurice Pialat, Palme d'or pour « Sous le soleil de Satan » lève le poing et lance: « si vous ne m'aimez pas, rassurez-vous, moi non plus ».

- 1991 : Madonna paralyse la circulation du Cap d'Antibes pour aller faire son footing quotidien. Steven Soderbergh, qui reçoit la Palme d'or à 26 ans pour son premier film « Sexe, mensonges et vidéo » lance: « maintenant, il ne me reste plus qu'à dégringoler la pente ».

- 1992 : Sharon Stone décoiffe la Croisette avec « Basic Instinct » de Paul Verhoeven.

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L'actrice américaine Sharon Stone salue le public au pied du Palais des Festivals, le 07 mai 1992 à Cannes. - AFP
L'actrice américaine Sharon Stone salue le public au pied du Palais des Festivals, le 07 mai 1992 à Cannes. - AFP

- 1993 : Jane Campion, première réalisatrice à recevoir la Palme d'or pour « La leçon de piano ».

- 1994 : La remise de la Palme d'or à Quentin Tarantino pour « Pulp Fiction » lui vaut les huées d'une partie du public, auquel il répond par un doigt d'honneur.

- 1997 : Pour les 50 ans du festival, une « Palme des Palmes » est décernée par tous les réalisateurs palmés vivants. Elle est attribuée au cinéaste suédois Ingmar Bergman, jamais récompensé par le festival.

- 1998 : Roberto Benigni baise les pieds du président du jury Martin Scorsese après avoir reçu le Grand prix pour « La vie est belle ».

- 1999 : Une mémorable bronca accueille les choix radicaux du jury présidé par le Canadien David Cronenberg: la Palme à « Rosetta » des frères Dardenne, trois prix à « L'humanité » de Bruno Dumont et seulement un accessit pour « Tout sur ma mère » de Pedro Almodovar, chouchou des festivaliers.

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Roberto Benigni à genoux devant Martin Scorsese - AFP
Roberto Benigni à genoux devant Martin Scorsese - AFP

- 2004 : Sur fond de guerre en Irak, le jury récompense « Farenheit 9/11 », virulente charge de Michael Moore contre la politique étrangère de George W. Bush.

- 2007 : Pour les 60 ans du festival, 35 cinéastes réalisent un film à sketches « Chacun son cinéma ». Au générique : David Cronenberg, Wim Wenders, Roman Polanski, Manoel de Oliveira, Youssef Chahine, WongKar-wai...

- 2011 : Lars Von Trier, en compétition avec « Melancholia », crée la polémique avec des propos ambigus sur Hitler et le nazisme. Malgré ses excuses, la direction du festival déclare le réalisateur danois « persona non grata ».

- 2013 : Avec « La vie d'Adèle - chapitre 1 & 2 », le jury décerne pour la première fois la Palme d'or à un réalisateur, le Français Abdellatif Kechiche, et à ses deux actrices Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos. Quelques jours plus tard, le trio se déchire, lorsque les jeunes femmes dénoncent des conditions de tournage « horribles ».

- 2014 : Abel Ferrara fait le buzz en projetant en marge du festival « Welcome to New York », inspiré librement de l'affaire du Sofitel qui a précipité la chute de Dominique Strauss-Khan. Gérard Depardieu y tient le rôle de l'ex-patron du FMI.

 

 

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Histoires de festival - INA