Obsèques de François Mitterrand: une grande famille réunie dans la peine
Les obsèques de François Mitterrand, célébrées le jeudi 11 janvier 1996 sous le ciel mélancolique de sa terre natale de Jarnac, ont donné l'image d'une grande famille réunie dans la peine.
Dépouvue de la moindre solennité, la messe dite en la petite église romane Saint-Pierre, puis la mise au tombeau, sous un furtif rayon de soleil au cimetière des Grand'Maisons, furent en effet marquées par leur caractère familial et simple.
Danielle Mitterrand, le visage blême et figé dans la tristesse, était constamment entourée de ses deux fils Jean-Christophe et Gilbert tandis que Mazarine, la fille de l'ancien président de la République, se tenait serrée contre sa mère, Anne Pingeot.
Les "deux familles" du père disparu se trouvaient ainsi réunies au premier rang de la petite église pour un ultime adieu à François Mitterrand. Comme si leur peine partagée avait apaisé les épreuves et brisures de leurs vies personnelles.
A cet égard, la proche famille de François Mitterrand avait beaucoup insisté sur cette volonté "d'harmonie" voulue par tous.
Au moment de pénétrer dans l'église, Mazarine - qui a fêté ses 21 ans juste avant Noël - et sa mère, coiffée d'un chapeau noir à voilette, furent entourées dans un geste d'affection par André Rousselet et Elisabeth Badinter, deux proches amis de l'ancien président.
La tribu des Mitterrand, très nombreuse, était, elle aussi, rassemblée autour du plus illustre des siens venu achever son parcours sous ce "ciel mouillé d'Aquitaine" qu'il affectionnait tant.
Les deux frères étaient là. Robert, coiffé d'un chapeau à larges bords, ressemblait plus que jamais à son frère disparu. Jacques, avait revêtu son uniforme de général d'aviation tandis que les quatre soeurs de François Mitterrand, toutes octogénaires, étaient réunies au premier rang, à droite de l'allée centrale.
"Ce qui mesure l'oeuvre de cet homme (...) c'est le dialogue intérieur, ce débat avec lui-même qu'il a mené jusqu'au bout à travers ombres et lumières", a observé Mgr Claude Dagens, évêque d'Angoulême, dans une homélie toute en sobriété où il avait d'abord souligné : "François Mitterrand nous rassemble parce que nous reconnaissons tous, chacun à notre place et à notre façon, comment il a marqué notre histoire en servant sa patrie".
Au moment de la communion, reçue par nombre de participants à l'office religieux, on pouvait sentir à quel point les plus proches de l'ancien président, famille ou amis politiques, se partageaient entre "ceux qui croyaient au ciel et ceux qui n'y croyaient pas", comme le répétait souvent François Mitterrand, citant là un vers d'Aragon.
Plus tard au cimetière, on retrouvait le même souci de garder un caractère familial à la cérémonie. Arrivé près du caveau, où reposent déjà les parents et grands-parents maternels de François Mitterrand, le cercueil a été disposé sur un tréteau tandis que les gendarmes du Groupe de sécurité de la présidence de la République (GSPR) qui pendant de longues années assurèrent la sécurité du président formaient une haie d'honneur.
La famille et les amis de François Mitterrand ont longuement défilé pour se signer ou s'incliner un instant devant sa dépouille avant de laisser seuls ses plus proches pour la mise au tombeau : Danielle Mitterrand et ses fils, Mazarine et sa mère, ainsi que Roland Dumas, Robert Badinter, André Rousselet et Michel Charasse.
Avant de quitter le cimetière, Danielle Mitterrand a serré Mazarine dans ses bras dans un geste de tendresse.
- INA : obsèques de Mitterrand