Le Blocus de Berlin, épreuve de force entre Staline et les Occidentaux

 

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Déchargement d'un avion à Berlin-Ouest en 1948 - AFP
Déchargement d'un avion à Berlin-Ouest en 1948 - AFP

Le Blocus de Berlin, imposé de juin 1948 à mai 1949 par l'Union soviétique pour tenter de déloger de la ville ses anciens alliés, a constitué un épisode fondateur de la Guerre froide qui donna lieu à un exceptionnel pont aérien occidental pour approvisionner Berlin-Ouest.

Aux termes du protocole de Londres signé dès septembre 1944 par les puissances alliées, l'Allemagne vaincue a été divisée en quatre zones d'occupation. Enclavée dans la zone soviétique, Berlin est elle-même occupée par les forces des quatre puissances : la France contrôle la partie nord-ouest, l'Angleterre l'ouest, les Etats-Unis le sud-ouest et l'URSS l'est de la ville. Une Kommandatura (autorité de gouvernement) l'administre conjointement.

 

Mais les relations entre le bloc soviétique de Joseph Staline et le camp occidental vont très rapidement se détériorer, alors que le maître de l'URSS place dans l'orbite soviétique la plupart des pays d'Europe centrale. Au printemps 1948, l'URSS se retire de la Kommandatura, mettant ainsi fin à l'administration quadripartite de l'Allemagne.

Pour contrecarrer les ambitions de Staline de faire tomber l'Allemagne dans le giron communiste, les alliés occidentaux ont décidé d'unifier leurs zones d'occupation, y compris Berlin, ouvrant la voie à la création d'un Etat allemand séparé de la zone soviétique.

En juin, les trois puissances annoncent la mise en place d'une monnaie unique, le deutschemark, à l'intérieur de leur zone.

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Le secteur britannique à Berlin en août 1948 - AFP
Le secteur britannique à Berlin en août 1948 - AFP

En réponse, Staline fait couper dans la nuit du 23 au 24 juin les accès terrestres et fluviaux à Berlin-Ouest et bloquer tous les approvisionnements en eau et en électricité, affirmant vouloir empêcher l'entrée de la nouvelle monnaie dans le secteur soviétique. En isolant complètement le secteur occidental, le dirigeant soviétique entend aussi faire partir les Alliés.

- Pont aérien -

Dès le 24 juin, pour sauver la ville, tout en tentant d'éviter un conflit frontal avec l'URSS, les Occidentaux décident de mettre en place un exceptionnel pont aérien pour secourir les 2,2 millions d'habitants de Berlin-Ouest. A cette époque, la ville est à l'état de ruine et la population survit largement grâce à la débrouille et au troc, avec souvent des cigarettes comme monnaie d'échange.

L'initiative en revient au général Lucius D. Clay, gouverneur militaire américain en Allemagne. Et le 26 juin au matin l'« Opération Victuailles » est lancée : les premiers avions-cargos chargés de nourriture, de charbon, d'essence, atterrissent à l'aéroport de Tempelhof, situé en plein cœur de la zone occidentale.

Dans un incessant ballet aérien, de jour comme de nuit, les pilotes américains, britanniques et français effectueront plus de 277.000 vols, soit environ 200 par jour, acheminant quelque 2,3 millions de tonnes d'aide.

Ils largueront aussi des petits parachutes chargés de bonbons, raisins secs et chewing-gums destinés aux enfants 

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Un hydravion britannique à Berlin-Ouest, en 1948, durant le blocus - AFP
Un hydravion britannique à Berlin-Ouest, en 1948, durant le blocus - AFP

de la ville. L'un des premiers pilotes américains à agir ainsi, Gail Halvorsen, se signalait à la population par une figure aérienne qui lui valut d'être appelé « Tonton qui bat des ailes ».

Si les Soviétiques ont tout d'abord cru à un bluff, ils finiront par céder, et mettront fin au blocus le 12 mai 1949. Un accord est signé le 20 juin, visant à favoriser la normalisation de la vie à Berlin et à faciliter le libre mouvement des personnes entre Berlin et le reste de l'Allemagne.

Le pont aérien se poursuivra lui jusqu'en septembre. Cette opération de secours hors normes aura provoqué de nombreux accidents et coûté la vie à 78 pilotes, allemands, britanniques et américains.