Quand la bulle internet explose en Bourse
Par Christophe VOGT

Portées par le secteur internet en pleine croissance, les entreprises « point.com » s'invitent avec fracas sur les marchés boursiers dans les années 90.
Les introductions historiques de Netscape (2,6 milliards de dollars en 1995 après 16 mois d'existence) et Yahoo ! (plus d'un milliard de dollars en 1996 avec 36 employés) font des petits et le Nasdaq, indice des entreprises des nouvelles technologies, abrite bientôt une myriade de « futurs Microsoft ».
Les valeurs grimpent inlassablement sans tenir compte de la réalité économique jusqu'en 2000, lorsque la bulle éclate. Un an après l'AFP revient sur la déconfiture du secteur internet.
De son plus haut il y a un an, le Nasdaq dégringole de moitié
NEW YORK, 08 mars 2001 - Le 10 mars 2000, peu après 21H00 GMT, l'indice composite du Nasdaq affichait son record absolu de clôture à 5.048,62 points (il a depuis dépassé les 6.900 points, ndlr) et tout semblait sourire aux apôtres boursiers de la « nouvelle économie » qui semblaient avoir jeté aux oubliettes les notions de bénéfices ou de chiffre d'affaires.
Le Nasdaq n'aura respiré l'air raréfié de ces sommets que peu de temps avant d'entamer une longue chute à peine interrompue par quelques brèves périodes de répit.
Un an après, le principal indice du Nasdaq a fondu de moitié. La bulle internet a implosé au printemps 2000 sous le poids d'une surévaluation des valorisations boursières, injustifiables au regard des résultats des entreprises.
Sur les 1.700 titres cotés sur le Nasdaq, sur un peu plus de 5.000 en tout, et suivis par l'agence Ned Davis Research, citée par le Wall Street Journal, plus de 44% ont perdu la moitié ou plus de leur valeur en 12 mois.
Il ne s'agit pas seulement d'obscures « point.com » qui n'ont brillé que très brièvement au firmament boursier mais aussi de grands noms comme Sun Microsystems (-58%), l'éditeur de logiciels Oracle (-59%), Cisco Systems (-67%) ou encore Yahoo !, le portail internet qui a laissé 90% de sa valeur sur le tapis.
428 actions ont même chuté de plus de 90% comme Priceline.com ou eToys qui, après cette débâcle, vient de fermer ses portes.
Il aura fallu plus de trois ans entre la dénonciation de l'« exubérance irrationnelle » des marchés en décembre 1996 par le président de la Réserve Fédérale Alan Greenspan et le krach des « point.com ».
Les hausses de taux répétées de M. Greenspan et de sa banque centrale y ont contribué.
Au plus fort de l'euphorie tout le monde voulait investir dans le Nasdaq, professionnels comme particuliers.
L'indice est passé de 2.000 points à la mi-juillet 1998 à 3.000 points au début novembre 1999 mais il aura fallu 2 mois seulement pour passer le cap des 4.000 et deux mois de plus pour passer la barre des 5.000 points.

Les entreprises de capital-risque donnaient de l'argent facilement à des jeunes chefs d'entreprises sans expérience et armés - parfois mais pas toujours - d'une simple idée.
Les introductions en bourse (IPO) de ces jeunes sociétés, comparables à des départs de fusée, ont alléché les grandes banques d'affaires, qui ont vu gonfler leurs commissions tirées des IPO.
Les particuliers, assaillis d'informations sur les hausses mirobolantes des cours, encouragés par des analystes promus pour certains au rang de star, et alléchés par les fortunes considérables faites en quelques mois, se sont également laissé séduire de peur de manquer une occasion en or.
L'implosion de la bulle a fait partir en fumée 3.600 milliards de dollars de capitalisation boursière, provoqué la faillite de bon nombre d'entreprises cotées, qualifiées trop rapidement de futurs General Electric. Elle a également asséché pour un temps le robinet de capitaux pourtant indispensables à des entreprises débutantes qui font plus de pertes que de chiffre d'affaires.
Henry Blodget, analyste vedette de Merrill Lynch et gourou du net pendant les années d'euphorie, ne se laisse pas désarçonner pour autant.
« La demande des investisseurs était tellement forte, que nous n'avions pas à vendre. C'est ce que le marché voulait », a-t-il récemment affirmé au New York Times.
« Nous n'avons pas attisé l'euphorie. J'ai dit et répété que tous les arbres ne peuvent pousser jusqu'au ciel », a-t-il dit.
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Décembre 2000 : la chute du Nasdaq continue - vidéo INA