Demain, l'internet « des objets » et l'épineuse question des données
De l'internet « des documents » avec Google nous sommes passés à l'internet « des profils », avec Facebook.
Prochaine étape l'internet « des objets » et la multiplication des données selon Olivier Ertzscheid maître de conférence à l'université de Nantes en sciences de l'information, qui alerte sur l'utilisation des informations récoltées.
AFP : Quel sera l'internet de demain ?
Oivier ERTZSCHEID : « Nous arrivons progressivement à une informatique ambiante, pervasive. Aujourd'ui, nous sommes déjà cernés d'ordinateurs, de tablettes, de téléphones, mais que l'on parvient à identifier comme autant de dispositifs communicants (...) Dans notre environnnement de demain, le moindre figo, la moindre cafetière, la moindre chaise ou table va en permanence fabriquer de la donnée, en envoyer et en recevoir. (...) Avec l'internet des objets, tous les échanges de données se font à un niveau infra sans que l'on en soit conscient. »

Sera-t-il possible de se prémunir de cet environnement ?
« Nous n'aurons pas le choix d'acheter des objets connectés, le secteur industriel est suffisamment malin pour nous obliger à acheter ce qu'il a envie que l'on achète (...) Nous ne trouverons plus de frigo qui ne soit pas connecté, comme aujourd'hui nous ne pouvons quasiment plus acheter de télévision qui ne soit pas connectée. Ensuite pour nos données, selon la capacité de l'opinion à faire pression sur ces sociétés (qui les récoltent ndlr), la capacité du politique à se saisir de ces questions, nous pourrons obtenir des logiques comme : " donne nous un peu d'argent tous les mois et en échange nous garantissons que le frigo connecté va rester dans les limites du raisonnable ".
Le modèle est justement en train de changer. Nous avions intégré que pour bénéficier de tous ces services super et gratuits (Google, Facebook, ndlr) le prix à payer - le fameux " si c'est gratuit, c'est toi le produit " - était de fournir nos données personnelles. Aujourd'hui parce qu'il y a eu Wikileaks ou Edward Snowden, nous nous apercevons que cela pose d'énormes problèmes de démocratie, de surveillance. A partir de là, l'idée de payer pour des services plus respectueux de la vie privée a fait du chemin. »
Que vont nous apporter ces évolutions ?
« Il y aura très probablement moins de morts sur les routes grâce aux voitures connectées. On parle également beaucoup de " smart city ", la ville connectée, avec des expériences très intéressantes (...) Il y a par exemple un projet au Canada où plusieurs hectares de parcelles urbaines vont devenir une " smart city " pilote.
L'idée est d'installer des capteurs partout, aux feux rouges, sur les trottoirs, à l'entrée des immeubles, dans les appartements, pour tout mesurer en permanence, pour surveiller les déplacements des habitants, la luminosité dans les rues, le taux d'émission de CO2, la chaleur etc.

Mais toutes ces données récoltées posent question. Chez qui vont-elles tomber ? Comment seront-elles utilisées ? Pour faire quoi exactement ? Si on ne se pose pas ces questions-là des acteurs peuvent " péter un cable " et décider de revendre ces données à des banques, des assureurs, on peut tout imaginer. »