Les « pères de l'indépendance » en Afrique

 

Voici les principaux « pères de l'indépendance » en Afrique subsaharienne, dont certains se sont maintenus au pouvoir pendant plusieurs décennies:

 

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 Kwame Nkrumah - AFP
 Kwame Nkrumah - AFP

- Kwame Nkrumah (Ghana) -

Né en 1909, il milite à la fois pour l'indépendance de la colonie britannique « Gold Coast » et pour le panafricanisme, mouvement qui cherche à unifier les peuples africains. Premier ministre à partir de 1952, il mène le pays à l'indépendance en 1957 puis devient président en 1960. Il impose un culte de la personnalité, se faisant appeler « l'Osagyefo » (« Le Rédempteur »). Destitué lors d'un coup d'Etat en 1966, il se réfugie en Guinée et meurt en 1972 en Roumanie, où il était soigné;

- Ahmed Sekou Touré (Guinée) -

Militant indépendantiste et député de Guinée à Paris, il tient tête au général de Gaulle venu en 1958 à Conakry défendre son projet de Communauté, qui continuerait d'associer la France et ses territoires tout en leur permettant de gagner en autonomie. Sous son impulsion, la Guinée est seule en Afrique à rejeter cette option pour choisir l'indépendance immédiate. Président, Sékou Touré adopte rapidement des méthodes autoritaires et gouverne d'une poigne de fer jusqu'à sa mort, en 1984.

- Léopold Sédar Senghor (Sénégal) -

Senghor a participé à la vie politique française (député puis ministre), tout en militant pour l'émancipation de son pays. Poète et écrivain, il a été un chantre de la « négritude », un mouvement pour la défense des valeurs culturelles du monde noir.

Premier président du Sénégal à l'indépendance en 1960, il fait de son pays une des premières démocraties d'Afrique, y autorisant le multipartisme et quittant volontairement le pouvoir au bout de 20 ans. Il se retire en France où il meurt en 2001, à 95 ans.

- Félix Houphouët-Boigny (Côte d'Ivoire) -

Député puis ministre à Paris, cette figure de la lutte pour l'émancipation de l'Afrique est élu président de la Côte d'Ivoire à l'indépendance en 1960. Il est réélu six fois, jusqu'à sa mort en 1993 dans son village natal de Yamoussoukro, dont il avait fait la capitale politique du pays.

Celui qu'on appelait « Le Vieux » s'était attaché à garder des liens de coopération étroits avec Paris. Après deux décennies de prospérité, il a vu la dernière partie de sa présidence ternie par la crise économique et sociale. Après 

trente années de règne sans partage, il n'a entériné le multipartisme qu'en 1990.

- Julius Nyerere (Tanzanie) -

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Le Tanzanien Julius Nyerere en 1985 à Dar es Salam - AFP
Le Tanzanien Julius Nyerere en 1985 à Dar es Salam - AFP

Adepte d'un « socialisme à l'africaine », il conduit à l'indépendance en 1961 son pays, alors colonie britannique sous le nom de Tanganyika, qui deviendra la Tanzanie en 1964 lors de l'union avec Zanzibar. Il abandonne volontairement la présidence en 1985 et meurt en 1999 à Londres.

En 1979, il avait envoyé l'armée délivrer l'Ouganda de la tyrannie d'Idi Amin Dada. Considéré comme un « sage », il avait été appelé après sa retraite pour de nombreuses médiations, notamment au Burundi en proie à la guerre civile.

- Jomo Kenyatta (Kenya) -

Né au sein de l'ethnie des Kikuyu, qui mènera la révolte des Mau-Mau contre les colons britanniques dans les années 1950, ce leader nationaliste sera emprisonné plusieurs années. A l'indépendance en 1963, il prône la réconciliation avec la Grande-Bretagne, avec laquelle il maintiendra des liens étroits. Il préside le Kenya jusqu'à sa 

mort en 1978, en grande partie sous un régime à parti unique.

Jomo Kenyatta, en fait son surnom, signifie « Javelot flamboyant du Kenya ». Son fils, Uhuru, a été élu à son tour président en 2013, puis en 2017.

 

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 Kenneth Kaunda, président de Zambie en 1978 à Lusaka - AFP
 Kenneth Kaunda, président de Zambie en 1978 à Lusaka - AFP

- Kenneth Kaunda (Zambie) -

Surnommé « le Gandhi africain » pour son militantisme non 

violent, il conduit l'ancienne Rhodésie du Nord, protectorat britannique, à l'indépendance sans effusion de sang en 1964. Se réclamant du socialisme et proche de Moscou, il dirige le pays pendant 27 ans, en grande partie sous le régime d'un parti unique, dont la mauvaise gestion provoque une grave crise économique et sociale. Après de violentes émeutes, il accepte des élections libres en 1991 et est battu.

 

- Kamuzu Banda (Malawi) -

Banda, médecin, exerce en Grande-Bretagne, d'où il commence à défendre les intérêts de son pays, protectorat britannique. Il retourne au Nyassaland en 1958 après plusieurs décennies d'absence et mène le mouvement pour l'indépendance, obtenue en 1964. Il dirige le Malawi d'une main de fer pendant 30 ans, s'autoproclamant « 

président à vie ».

Sous la pression internationale et après la publication de rapports accablants sur la situation des droits de l'Homme, il accepte un référendum qui mène aux premières élections libres en 1994. Battu, il meurt trois ans plus 

tard en Afrique du Sud.

 

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 Samora Machel (Mozambique) en 1986 - AFP
 Samora Machel (Mozambique) en 1986 - AFP

- Samora Machel (Mozambique) -

Après avoir lutté contre la puissance coloniale portugaise à la tête du Front de libération du Mozambique (Frelimo), Samora Machel devient en 1975 le premier président du Mozambique, instaurant un régime de type marxiste. Il est rapidement confronté à une guerilla soutenue par l'Afrique du Sud.

Il meurt en 1986 dans le crash de son avion en Afrique du 

Sud dans des circonstances non élucidées, attribué par 

certains au régime d'apartheid qu'il a ardemment combattu.

 

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Le président du Zimbabwe Robert Mugabe en 2009 à Harare - AFP
Le président du Zimbabwe Robert Mugabe en 2009 à Harare - AFP

-Robert Mugabe (Zimbabwe) -

Militant contre le pouvoir blanc et ségrégationniste de Rh

odésie du Sud, Robert Mugabe passe dix années en détention. A sa libération, il se réfugie au Mozambique, d'où il prend la tête de la lutte armée jusqu'à 

l'indépendance de son pays, qui prend le nom de Zimbabwe, et son arrivée au pouvoir en 1980.

Il séduit d'abord par sa politique de réconciliation puis instaure un régime autoritaire, menant une répression brutale contre ses opposants. En 2017, à 93 ans et après 37 ans de pouvoir, il est contraint de démissionner. Il meurt en septembre 2019 à Singapour.