En 1958, de Gaulle engage à Brazzaville la décolonisation

 

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Brazzaville, 24 août 1958, le général Charles de Gaulle prononce un discours lors de sa tournée en Afrique - AFP
Brazzaville, 24 août 1958, le général Charles de Gaulle prononce un discours lors de sa tournée en Afrique - AFP

Par Pierre-Marie GIRAUD

Dépêche diffusée par l'AFP en 1998 à l'occasion du 40e anniversaire du discours du général de Gaulle à Brazzaville, alors capitale de l'Afrique équatoriale française.

PARIS - 22 août 1998 (AFP) - Le 24 août 1958, le général de Gaulle engage à Brazzaville le processus de décolonisation de l'Afrique noire en proposant la création de la Communauté, creuset de l'indépendance des Etats de l'Afrique noire francophone deux ans plus tard.

« Il est naturel et légitime que les peuples africains accèdent à ce degré politique où ils auront la responsabilité entière de leurs affaires intérieures, où il leur appartiendra d'en décider eux-mêmes », lance le général de Gaulle dans la capitale de l'Afrique équatoriale française (AEF).

C'est dans cette même ville, première capitale officielle de la France Libre, que s'était tenue en février 1944 la conférence des gouverneurs des colonies. Cette conférence, marquée par un célèbre discours de l'homme du 18 juin, avait aboli les colonies devenues « territoires intégrés », l'Union Française succédant à l'empire colonial français.

Revenu aux affaires à la fin du mois de mai 1958, comme président du Conseil, Charles de Gaulle entame le 20 août un périple africain de 20.000 kilomètres qui l'amène en une dizaine de jours de Fort-Lamy (devenu N'Djamena) à Alger, en passant par Tananarive, Brazzaville, Abidjan, Conakry et Dakar.

A Brazzaville, de Gaulle propose « au suffrage de tous les citoyens des territoires d'Afrique et des citoyens de métropole » de former une Communauté, dans laquelle chacun des Etats membres accédera à l'autonomie, avec un pouvoir exécutif et législatif. La défense, la politique étrangère, la politique économique et financière, le contrôle de la justice relèveront de l'exécutif de la Communauté.

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Guinée, Conakry, 28 septembre 1958, dépouillement des bulletins du référendum - AFP
Guinée, Conakry, 28 septembre 1958, dépouillement des bulletins du référendum - AFP

Le général de Gaulle prévient que chaque territoire pourra prendre son indépendance en votant non au référendum du 28 septembre 1958 sur la Constitution. « L'indépendance, quiconque la voudra, pourra la prendre aussitôt. La métropole ne s'y opposera pas », ajoute-t-il en donnant le choix entre la « Communauté avec la France et l'indépendance dans la sécession ».

De fait, le 28 septembre 1958, les électeurs de métropole et des territoires d'outre-mer se prononcent massivement en faveur de la nouvelle Constitution. Seule la Guinée de Sékou Touré se prononce contre, optant pour son indépendance le 2 octobre.

La Communauté est née et à l'automne, les anciens territoires de l'Afrique occidentale française (AOF) et de l'AEF accèdent au statut de Républiques membres de la Communauté.

Mais moins de deux ans plus tard, en 1960, en pleine crise algérienne, les Etats africains francophones vont accéder à l'indépendance. Entre le 1er janvier et le 28 novembre, quatorze nouveaux drapeaux et autant de sièges vont faire leur apparition à l'ONU: Cameroun, Sénégal, Togo, Madagascar, Dahomey (devenu Bénin), Niger, Haute-Volta (actuel Burkina Faso), Côte d'Ivoire, Tchad, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Mali et Mauritanie.