Three Mile Island, un accident nucléaire glaçant
L'accident du 28 mars 1979 à la centrale nucléaire de Three Mile Island, à mi-chemin entre New York et Washington, n'a fait aucun mort mais a entraîné la fusion de la moitié cœur du réacteur et a profondément marqué l'opinion publique.
Classé au niveau 5 de l'échelle internationale des accidents nucléaires (Ines) qui en compte 7 (les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima sont, elles, classées 7), cet accident est dû à un ensemble de défauts de conception, de fonctionnement, et d'erreurs humaines.
Il est survenu alors que venait de sortir au cinéma le film catastrophe « Le syndrome chinois » qui décrit un grave péril nucléaire dans une centrale californienne. La coïncidence a frappé les esprits et donné plus d'écho encore à l'accident de Three Mile Island.
- « Alerte générale » -
Le 28 mars à 16H02 (heure de Paris), une première dépêche de l'AFP annonce que l'état d'« alerte générale » est décrété à la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie après « la rupture d'un mécanisme de refroidissement ».
Ce jour-là, tout commence vers 4H00 du matin (heure locale) par une panne dans la partie non nucléaire de la centrale qui a pour conséquence d'entraîner une hausse de la pression dans le « circuit primaire » d'eau du cœur du réacteur.
Le réacteur s'arrête alors automatiquement par sécurité et une soupape se déclenche pour faire retomber la pression. Une fois la pression retombée, la soupape aurait dû se refermer automatiquement. Mais elle reste ouverte tandis qu'un voyant indique de manière erronée en salle de contrôle qu'elle s'est refermée. De l'eau de refroidissement s'échappe alors par cette valve, ce qui entraîne la surchauffe rapide du réacteur.
- Fusion du cœur -
Faute de disposer de bonnes informations et d'analyser correctement la situation, les techniciens prennent alors des décisions qui ont pour conséquence de réduire encore le niveau d'eau de refroidissement dans le cœur. La température du combustible nucléaire s'élève dangereusement et le cœur commence à fondre. Les responsables finissent par comprendre la situation et réinjecter de l'eau pour refroidir le réacteur.
Il faudra cinq jours pour que la situation repasse sous contrôle. Le gouverneur de Pennsylvanie fait évacuer femmes enceintes et enfants en bas âge des environs immédiats de la centrale. Il demande aux autres habitants de rester calfeutrés chez eux. « Un excès de précaution est préférable » explique-t-il. Une dépêche AFP du 30 mars indique que les habitants de Harrisburg, capitale de l’État, située à une vingtaine de kilomètres de la centrale, se préparent à quitter la ville.
L'envoyé spécial de l'AFP Michel Faure constate le même jour : « Les rues de la petite ville de Middletown, nichée dans un paysage vallonné au pied de quatre énormes tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Three Mile Island (sont) désertes. Les habitants sont restés enfermés toute la journée chez eux ».
Finalement l'enceinte de confinement tient bon et, à l'extérieur, les émanations radioactives semblent limitées. Le 1er avril, le président Jimmy Carter se rend sur place pour calmer les esprits. Le 9 avril, les femmes enceintes et enfants en bas âge évacués sont autorisés à revenir chez eux et le 27 avril la situation est définitivement stabilisée au niveau du réacteur.
Selon la Commission américaine de régulation du nucléaire (NRC), la dose radioactive moyenne reçue par les deux millions d'habitants de la région a été de 1 millirem (0,01 millisievert), soit moins qu'une radio des poumons. Les seules victimes ont été quatre employés exposés à une surdose de radioactivité.
- Perte de confiance -
Mais la compagnie propriétaire de la centrale, Metropolitan Edison, a manipulé l'information dans les premiers jours, multipliant les déclarations optimistes et mentant même au gouverneur de l'Etat. Le public a appris avec plusieurs mois de retard que l'accident aurait pu se transformer en désastre nucléaire.
Des études ultérieures ont montré que 45% du combustible avait fondu, se mélangeant à des gaines et autres éléments de structure pour former un magma appelé « corium ». Une partie du corium, 20 tonnes environ, s'est écoulée dans le fond de la cuve qui a résisté.
Les travaux de nettoyage et décontamination de la centrale ont duré jusqu'en 1993 pour un coût de 973 millions de dollars. L'accident a suscité la colère de l'opinion américaine qui n'a jamais totalement repris confiance en cette forme d'énergie.
Visite du président Jimmy Carter à Three Mile Island après l'accident - INA