Fukushima : le souvenir des « hibakusha »
Le 11 mars 2011, un puissant séisme de magnitude 9 et un raz-de-marée énorme ravagent la côte nord-est du Japon.
Une vague de 14 mètres de haut stoppe l'alimentation électrique et les circuits de refroidissement de la centrale de Fukushima, à 220 km au nord de Tokyo, provoquant la fusion partielle du combustible nucléaire.
Plusieurs explosions endommagent les réacteurs et d'importantes quantités de substances radioactives sont relâchées dans l'environnement.
Les habitants sont évacués dans un rayon de 20 km autour de la centrale qui devient zone interdite. Plus de 150.000 personnes sont déplacées.
Un mois après le tsunami, les réfugiés font face à la méfiance des autres Japonais.
Les réfugiés de la centrale nucléaire de Fukushima font peur
KITAKAMI (Japon) , 13 avril 2011 - Les habitants qui ont fui les environs de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima, dans le nord-est du Japon, sont refusés par les centres d'évacuation, de peur qu'ils soient porteurs de radiations et contaminent d'autres personnes.
Ces gens, qui ont dû quitter leur domicile, leur ferme, leurs animaux, en raison de la crise à la centrale Fukushima Daiichi (N°1), ont besoin d'un certificat officiel prouvant qu'ils ne sont pas contaminés pour pouvoir entrer dans les centres censés accueillir tous les sans-abri (...).
Une fillette de huit ans originaire de Minamisoma, localité située à une vingtaine de kilomètres du site atomique, a été refusée par un hôpital de la ville de Fukushima car elle n'avait pas de certificat de non-radioactivité, a rapporté le journal Mainichi.
Le père de l'enfant, Takayuki Okamura, a déclaré au quotidien: « Je suis déjà préoccupé par notre évacuation. C'était un véritable choc d'apprendre que notre rendez-vous avait été annulé »(...).
Cet épisode a ravivé le souvenir des discriminations dont ont souffert les « hibakusha » -- les survivants irradiés par les bombes atomiques américaines de Hiroshima et Nagasaki -- qui étaient mis à l'écart de peur qu'ils ne contaminent les autres.
La méfiance s'étend même au-delà de la région. Une habitante de la préfecture de Fukushima a écrit sur son blog qu'un hôtel de la préfecture de Saitama, au nord de Tokyo, avait refusé de les accueillir elle et sa famille.
« Lorsque j'ai expliqué que nous ne venions même pas d'une zone d'évacuation, le réceptionniste de l'hôtel m'a répondu: " vous ne pouvez pas séjourner ici si vous n'avez pas la preuve que vous n'êtes pas des hibakusha ". »
Huit mois après l'accident , en novembre 2011, les autorités japonaises organisent la première visite du site dévasté pour des journalistes.
Huit mois après, retour à Fukushima
FUKUSHIMA DAIICHI (Japon), 12 novembre 2011 (AFP) - Les autorités japonaises ont ouvert samedi les portes de la centrale nucléaire de Fukushima à un groupe de journalistes pour la première fois depuis le tsunami du 11 mars, voulant ainsi prouver que l'accident nucléaire est désormais sous contrôle.
Vêtus de combinaisons intégrales antiradiations, le visage protégé par un masque respiratoire, munis de deux paires de gants, une trentaine de reporters, dont quatre représentants de médias étrangers, ont été conduits à bord de deux autocars jusqu'au site atomique.
Après avoir traversé les villes fantômes situées dans la zone interdite des 20 kilomètres, vidées de leurs habitants après l'accident, les journalistes ont constaté que le niveau de radioactivité était déjà de 20 microsieverts par heure aux portes de la centrale.
A mesure que les véhicules s'approchaient des réacteurs, le niveau est monté rapidement pour atteindre 500 microsieverts par heure au pied des réacteurs. Lorsque le convoi a traversé une forêt de pins, un porte-parole de l'opérateur du site, Tokyo Electric Power (Tepco), a signalé qu'un taux de 1.000 microsieverts, soit un millisievert par heure, avait été enregistré récemment à cet endroit. Il s'agit de la dose annuelle maximale imposée en temps normal au Japon et dans la plupart des pays.
Un journaliste a raconté que le bâtiment abritant le réacteur numéro 3 était le plus endommagé, avec tout autour des carcasses de camions, des barrières métalliques tordues et des réservoirs d'eau éventrés (...).