"Plus populaires que Jésus" : la phrase à scandale de John Lennon

 

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Fans réunis, le 8 décembre 2010 au Strawberry Fields à Central Park, à l'occasion du 30e anniversaire de l'assassinat de Lennon - AFP
Fans réunis, le 8 décembre 2010 au Strawberry Fields à Central Park, à l'occasion du 30e anniversaire de l'assassinat de Lennon - AFP

Alors que les Beatles sont au sommet de leur gloire, une petite phrase de John Lennon sur leur popularité qui serait supérieure à celle de Jésus, suscite un immense scandale, surtout dans le sud des Etats-Unis. Ils sont alors boycottés, exposés à la vindicte d'extrémistes et même menacés de mort par des membres du Ku Klux Klan.

"Le christianisme disparaîtra. Il s'évaporera, diminuera. Je n'ai pas à discuter là-dessus. J'ai raison, il sera prouvé que j'ai raison. Nous sommes plus populaires que Jésus désormais", affirme Lennon à une amie journaliste, Maureen Cleave.

"Je ne sais pas ce qui disparaîtra en premier, le rock'n'roll ou le christianisme", ajoute-t-il. L'interview est publiée par le London Evening Standard le 4 mars 1966, cinq mois avant la 3e tournée des Beatles aux Etats-Unis.

Les propos sont repris, souvent déformés, et une station de radio d'Alabama qui les juge blasphématoires recommande même de brûler les disques des Beatles. "Il faut bien qu'ils les achètent avant de les brûler", remarque Paul McCartney tentant de dédramatiser l'affaire par l'humour.

Néanmoins, la polémique ne cesse d'enfler et une vague de haine déferle contre les Beatles, Lennon en particulier.

Malgré une conférence de presse de Brian Epstein, leur producteur, pour rendre publique une déclaration-explication de John Lennon, plusieurs dizaines de stations de radio américaines boycottent le groupe.

La vente de leurs disques est interdite en Afrique du Sud notamment et les critiques sont telles que, le 11 août 1966 à Chicago, Lennon doit se justifier devant la presse.

"Si j'avais dit que la télévision est plus populaire que Jésus, j'aurais pu m'en tirer sans dommage. Je suis désolé de l'avoir ouverte", déclare-t-il à l'aube de ce qui sera leur dernière tournée.

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Un fan des Beatles montre le tatouage de John Lennon sur son épaule, le 8 décembre 2005 au mémorial de Strawberry Fields à Central Park - AFP
Un fan des Beatles montre le tatouage de John Lennon sur son épaule, le 8 décembre 2005 au mémorial de Strawberry Fields à Central Park - AFP

"Je ne suis pas anti-Dieu, anti-Christ ou anti-religion, explique-t-il. Je n'étais pas en train de taper dessus ou de la déprécier. J'exposais juste un fait, et c'est plus vrai pour l'Angleterre qu'ici".

"Je ne dis pas que nous sommes meilleurs ou plus grands, je ne nous compare pas à Jésus-Christ en tant que personne, ou à Dieu en tant qu'entité ou quoiqu'il soit. J'ai juste dit ce que j'ai dit et j'ai eu tort. Ou cela a été pris à tort. Et maintenant, il y a tout ça".

En 2008, 42 ans après sa déclaration et 28 ans après l'assassinat de John Lennon, le Vatican lui accordera finalement son absolution. "La phrase qui avait provoqué une profonde indignation (...) sonne aujourd'hui comme une boutade d'un jeune Anglais de la classe ouvrière dépassé par un succès inattendu", écrira l'Osservatore Romano.

Les ennuis des Beatles - INA