Dix ans après le drame, le meurtrier de Lennon parle
Le meurtrier de John Lennon, Mark Chapman, a été condamné en 1981 à une peine pouvant aller de 20 ans de réclusion à la perpétuité.
Devenu libérable en 2000, Chapman a demandé sa remise en liberté tous les deux ans. En août 2016, détenu à la prison de haute sécurité de Wende à Alden (Etat de New York), il a 61 ans lorsqu'elle lui est refusée pour la 9e fois.
Yoko Ono est farouchement opposée à sa libération et, pour la Commission de revue des peines, il y aurait "une probabilité raisonnable" qu'il viole à nouveau la loi.
Voici le texte de la dépêche publiée le 4 décembre 1990 par l'AFP, à l'occasion de la première interview de Mark Chapman.
NEW YORK, 4 déc (AFP) - Dix ans après avoir assassiné le chanteur John Lennon, le 8 décembre 1980, Mark David Chapman a accordé sa première interview, expliquant qu'il l'avait tué parce qu'il était déçu par la vie luxueuse menée par l'auteur utopique d' "Imagine" .
Dans une interview au quotidien de Rochester (Etat de New York) "Democrat and Chronicle" , Chapman raconte qu'alors jeune marié et sans emploi à Hawaï, il était tombé sur une photo de Lennon et sa femme Yoko Ono posant sur la terrasse de leur luxueux appartement new-yorkais, face à Central Park.
"Je suis devenu enragé contre ce que je ressentais comme son côté factice", affirme-t-il. "Depuis l'âge de 10 ans, se souvient Chapman, alors agé de 35 ans, j'écoutais tout l'idéalisme et la vérité" chantés par Lennon.
Né à Fort Worth (Texas) le 10 mai 1955, d'une mère infirmière et d'un père militaire qu'il redoutait, Chapman explique qu'il souffrait de troubles mentaux depuis plusieurs années.
Il écoutait de "petites personnes" qui l'aidaient à prendre ses décisions et qui avaient été, elles aussi, "horrifiées, choquée".
Il se met à prier nu le diable dans son appartement d'Honolulu pour "avoir la force de tuer".
Après deux mois d'invocations, Chapman achète une arme de calibre 38. Le 29 octobre 1980, il prend l'avion pour New York. Mais Dieu triomphe, dit-il, et il renonce.
En décembre, Chapman retourne à New York et passe trois jours sur le trottoir, devant l'immeuble Dakota où vit Lennon, se mêlant à ses fans.
Le 8 décembre, un photographe le présente au couple. Chapman obtient un autographe sur le disque "Double Fantas". "Il était très cordial avec moi", raconte Chapman. Lennon lui demande s'il veut autre chose. "C'était comme s'il avait une prémonition de sa mort", se souvient Chapman que la gentillesse de Lennon désarme cette fois-ci.
Un peu avant 23H00, le couple s'apprête à rentrer chez lui. Une voix lui murmure "Fais-le, fais-le, fais-le". Caché dans l'ombre, au pied de l'immeuble, Chapman tire à cinq reprises.