Les Beatles: que sont-ils devenus ?
Après dix ans d'amitié et de gloire, la lassitude et les tensions ayant eu raison de l'alchimie du groupe, les Beatles s'étaient séparés. Que sont devenus John, Paul, George et Ringo après leur rupture, au printemps 1970 ?
- John Lennon, un pacifiste rebelle -Le 9 octobre 2016, John Lennon - poète rebelle et pacifiste qui a influencé la génération des Sixties - aurait eu 76 ans. Le 8 décembre 1980, alors qu'il rentre chez lui à New York avec sa femme Yoko Ono, il tombe sous les balles d'un déséquilibré qui l'accuse d'avoir trahi ses idéaux "Peace and Love" des années soixante.
Obéissant à "des démons intérieurs", David Chapman lui a tiré quatre balles dans le dos au pied de son immeuble, le Dakota Building, à l'angle de la 72e rue West, face à Central Park.
Avant même la séparation des Beatles, due selon certains à l'influence et l'omniprésence de Yoko Ono, le couple avait sorti son propre album "Unfinished Music Number One: two Virgins".
En décembre 1970, sort "Plastic Ono Band", premier album studio en solo de Lennon. Suivent "Imagine", son hymne pacifiste, en septembre 1971, après leur installation à New York et, en juin 1972, "Sometime in New York City", album très politique.
Après des concerts pacifistes et humanitaires, notamment pour l'enfance handicapée, le soutien de Lennon au Black Panther John Sinclair irritera sérieusement le FBI et la CIA. Prétextant la détention de marijuana, ils tenteront de lui faire quitter le pays mais l'autoriseront finalement à rester.
En juillet 1973, Yoko réclame une séparation et envoie John à Los Angeles avec May Pang leur assistante personnelle. Ce sera un "Lost Week End" (week end perdu) de 18 mois jusqu'à janvier 1975.
A la naissance de leur fils Sean, le 9 octobre 1975, John met sa carrière entre parenthèses pour vivre pleinement sa paternité, ce qu'il n'avait pas fait pour Julian, son premier fils.
Trois semaines avant sa mort, la sortie de "Double Fantasy" avait marqué son grand retour. Trois jours auparavant, le 5 décembre 1980, il regrettait que les fans et les critiques veuillent "des héros morts".
- George Harrison, le mystique -
Le 30 novembre 2001, George Harrison, le "petit frère" de Paul McCartney, s'éteignait à Los Angeles, victime d'un cancer à l'âge de 58 ans.
Peu après la séparation des Beatles, l'auteur de "Here Comes The Sun", "While My Guitar Gently Weeps", "Something", reçoit un accueil dithyrambique pour son triple album "All Things must pass" ("Tout a une fin") et notamment "My Sweet Lord". C'est le vrai début d'une carrière solo pour celui qui avait déjà sorti "Wonderful Music" et "Electronic Music".
Adepte du groupe religieux hindou Hare Krishna auquel il fait don d'une ferme, il s'investit dans des causes humanitaires organisant à New York deux concerts pour le Bangladesh qui récolteront plus de 15 millions de dollars. Depuis sa mort, un fonds George Harrison pour l'Unicef poursuit son idéal.
Après son divorce en 1977 d'avec le mannequin Pattie Boyd, partie avec le guitariste Eric Clapton, George crée une société de production cinématographique "HandMade Films", finançant notamment les Monty Python pour "La vie de Brian" et Madonna pour "Shanghai Surprise".
En 1981, il retrouve Paul McCartney et Ringo Starr pour un hommage à John Lennon, "All Those Years Ago", puis forme les "Traveling Wilburys" avec Bob Dylan, Roy Orbison, Tom Petty et Jeff Lynne avant de se produire en duo avec Eric Clapton au Japon, en 1992.
La même année, il milite pour le Parti britannique de la Loi Naturelle, adepte de la méditation transcendantale.
Cinq ans plus tard, en 1997, George est opéré d'un cancer à la gorge et, le 30 décembre 1999, un forcené tente de l'assassiner à coups de couteau, dans son manoir de l'Oxfordshire. Olivia, sa seconde épouse et la mère de son fils, lui sauve la vie en assommant son agresseur.
Il meurt deux ans plus tard, des suites du cancer. Comme il l'avait souhaité, ses cendres ont été dispersées dans le Gange.
- Paul McCartney, une légende bien vivante -
Après la séparation des Beatles qu'il avait annoncée lui-même, "Macca" crée en 1971, avec sa femme Linda (chant et clavier) et trois autres musiciens, le groupe des "Wings" célèbre notamment pour l'album "Band on the Run".
La chanson "Mull of Kintyre", co-écrite par Paul McCartney et Denny Laine, à l'opposé de la déferlante punk, sera vendue à plus de deux millions de singles en 1978.
L'année suivante, il entre au Guinness des Records pour la vente de 200 millions de disques, avec ou sans les Beatles.
En 1981, après l'enregistrement, seul chez lui, de l'album McCartney II, un point final est mis à l'aventure des "Wings" et Paul se convertit en promoteur de l'écologie, Linda, sa femme depuis 1969, commercialisant de l'alimentation végétarienne.
Il vit alors avec leurs quatre enfants dans leur ferme du Sussex ou à Londres, se passionnant pour la peinture. Il faut attendre 1989 pour qu'il reprenne la route des tournées.
En 1997, il est anobli par la reine Elizabeth II mais, un an plus tard, Linda décède d'un cancer du sein et Sir Paul se consacre à l'environnement, aux animaux et aux droits de l'homme.
Après un intermède (2002-2008) avec Heather Mills, ancien mannequin de 26 ans sa cadette qui lui donne une fille, Beatrice, il fait un divorce aussi médiatisé que coûteux: 24,3 millions de livres (33 millions d'euros). Trois ans plus tard, il se remarie avec Nancy Shevell, une femme d'affaires new-yorkaise, riche héritière d'un entrepreneur américain.
"Macca" se produit toujours dans le monde entier, faisant vibrer 20.000 personnes, dont le président Poutine, en mai 2003 sur la Place Rouge à Moscou, en chantant "Back in the USSR", ou électrisant le stade de France à Saint-Denis, près de Paris, en juin 2015, à une semaine de son 73e anniversaire.
Après une tournée de deux ans qui devait s'achever à Chicago un mois plus tard, il n'envisage toujours pas d'abandonner sa passion. La retraite ? "Je n'ai aucune raison de la prendre!", assure-t-il.
Entre deux concerts, parfois improvisés comme à Time Square, en octobre 2013, il peint, écrit des livres pour enfants et lutte pour diverses causes comme la protection de l'environnement, une alimentation saine, les réfugiés.
- Ringo Starr, le boute-en-train -
Dès la fin 1969, parallèlement à son aventure avec les Beatles, l'homme aux doigts sertis de bagues (rings) d'où le nom de Ringo Starr (de son vrai nom Richard Starkey) enregistre en solo. "Sentimental Journey", en hommage à sa mère, puis "Beaucoup of Blues" enregistré à Nashville (USA) et, en 1971, "It don't Come Easy".
A l'annonce du divorce des "Fab Four", il se lance dans le cinéma comme réalisateur ou producteur.
On le retrouve aussi acteur dans notamment "Lisztomania" de Ken Russell (1975) où il incarne le pape, "The Last Waltz" (1978), nom du "concert d'adieu" à San Francisco des rockers canadiens de "The Band", film où Martin Scorsese lui fait interpréter son propre personnage et "Give My Regards To Broad Street" avec Paul McCartney (1984).
En 1973, John, Paul et George viennent, séparément, prêter main forte à leur ancien comparse pour son album "Ringo".
Dans les années 1990, il accumule les tournées avec son groupe "All Starr Band", s'appuyant beaucoup sur le catalogue des Beatles. Trop, selon ses détracteurs. L'album "Time Takes Time", en 1992, le rappelle au souvenir de ses fans.
En 2003, Ringo sort l'album "Ringo Rama", souvent considéré comme le sommet de sa carrière solo, suivi entre autres de la compilation "Ringo Photograph" (2007) et "Liverpool 8" en 2008.
Le batteur et boute-en-train des Beatles poursuit ses tournées mais s'est aussi lancé dans la peinture sur ordinateur, avec une influence Pop Art.
Il expose et vend ses oeuvres sur internet pour le bénéfice intégral d'une association caritative "Lotus" qui lutte pour la protection des sans-abri, des femmes battues, des malades du cancer et des animaux.
Ringo entend bien continuer de s'amuser et d'amuser, son autodérision n'épargnant pas son physique. Evoquant son nez, souvent objet de moqueries, il remarque: "Il faut bien que j'en rie. Ca rentre par une narine et ça ressort par l'autre!".
Concert de Paul McCartney à Paris, le 13/10/93 - INA