L'assassinat en direct d'Oswald, meurtrier présumé de « JFK ».

 

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Lee Harvey Oswald (C) présenté à la presse à Dallas, le 22 novembre 1963 - AFP
Lee Harvey Oswald (C) présenté à la presse à Dallas, le 22 novembre 1963 - AFP

Deux jours après la mort du président Kennedy à Dallas le 22 novembre 1963, la presse assiste en direct au meurtre de son assassin présumé, Lee Harvey Oswald.

Ce 24 novembre, l'envoyé spécial de l'AFP à Dallas, François Pelou, est à quelques mètres du détenu lorsqu'une balle fait taire à jamais l'accusé numéro un. François Pelou sera entendu par la Commission Warren.

Le tireur est Jack Ruby, un patron de cabaret, indicateur de la police lié à la mafia, qui s'était mêlé aux nombreux journalistes présents dans le sous-sol du commissariat.

Oswald (24 ans) qui allait être transféré à la prison du comté, sous les caméras des télévisions, meurt peu après au Parkland Hospital, comme « JFK ».

Voici la dépêche écrite par François Pelou. 

DALLAS (TEXAS), 24 novembre 1963 - (AFP) - Lee Harvey Oswald fut le premier à voir son assassin venir vers lui. Mais Jack Ruby fut si rapide que personne ne put l'arrêter. Il tua avec la précision et la rapidité d'un professionnel, on aurait cru un policier dégainant son arme, bondissant et tirant, répétant des gestes effectués cent fois à l'entraînement.
Deux secondes peut-être s'écoulèrent entre le premier geste de Ruby et la détonation venant de son revolver, dans le sous-sol du commissariat de police de Dallas où Oswald venait de pénétrer. Il y eut d'abord le cri terrible d'Oswald, "Ah!" lorsqu'il aperçut le revolver, puis un petit éclair blanc qui jaillit à bout portant sur le noir du pull-over, au niveau du ventre. L'explosion résonna ensuite longtemps sous la voûte. 
J'étais face à Oswald, à trois mètres de lui, légèrement sur sa droite, lorsqu'il fut atteint. Il venait de franchir la porte du bâtiment de la police, sa frêle silhouette tout de noir vêtue se détachant sur la masse des deux détectives qui l'encadraient. Il avait les menottes aux mains. Un deuxième jeu de menottes l'attachait à un des policiers.

Oswald déboucha sur le groupe de policiers, un léger sourire sur ses lèvres minces, les yeux plissés pour s'adapter à la lumière des projecteurs de télévision. C'est, je crois, un léger rictus de peur sur son visage, un mouvement du coin de la bouche, qui fut pour moi le premier signe du drame rapide qui allait se dérouler.

L'assassin se détacha d'un groupe de policiers, à trois mètres aussi d'Oswald mais légèrement à sa gauche. Oswald avait vu Ruby, dans un même mouvement, sortir son arme et bondir en avant. Quelques pas rapides de cet homme trapu, en pleine condition physique - il était assidu au gymnase, a précisé son avocat - et Ruby appuyait son arme sur Oswald.

Celui-ci avait esquissé un geste de protection en levant les mains tenues par les menottes comme pour se protéger la poitine, il fit dévier l'arme, Ruby cherchait peut-être à atteindre le coeur. Le geste de protection d'Oswald fut limité, gêné par les menottes qui le liaient à la main du policier (...) c'est ce dernier qui ralentit la chute d'Oswald lorsqu'il s'écroula.

Les détectives ne purent que se précipiter sur le meurtrier avant qu'il ne tire le deuxième coup de feu et le maîtrisèrent.