Kennedy et le piège vietnamien

Le Vietnam avait semblé le pays adéquat, en Asie du Sud-Est, pour affirmer la puissance des Etats-Unis mais le président «JFK» avait des doutes sur l'avenir de l'engagement américain.
Selon un memorandum en date du 4 octobre 1963, signé par l'ex-chef d'état-major Maxwell Taylor et rendu public en décembre 1997, il envisageait un retrait. « JFK » avait demandé à Taylor de l'étudier, pour le nord et le centre, avant la fin 1964 et, pour le Delta (du Mekong), avant la fin 1965.
Les Etats-Unis qui voulaient barrer la route au communisme dans la région, entendaient toutefois rester au Vietnam, au moins jusqu'à l'élection présidentielle de 1964.
Sinon, ce serait « le début de l'effondrement non seulement du Sud-Vietnam mais de tout le Sud-Est asiatique », estimait Kennedy évoquant la « théorie des dominos ».
Si le président américain a eu des doutes, il a été convaincu du bien-fondé de l'engagement par le Pentagone et son frère « Bobby », ministre de la Justice mais aussi homme fort du gouvernement.
Pour des raisons électorales, ce dernier s'affichera ensuite pacifiste.
En moins de trois ans de présidence, « JFK » a accru le nombre de soldats et de conseillers militaires au Vietnam pour soutenir les Vietnamiens du Sud.
Le président Eisenhower lui avait légué une « mission d'assistance militaire » au Vietnam de quelque 700 « conseillers ». Il en a envoyé cent autres et, pour la première fois, 400 soldats des Forces spéciales entraînées à la guérilla, les « Bérets Verts ».
Fin 1961, « le nombre des militaires américains au Vietnam sera subrepticement passé à 3.000 et près de 50 hélicoptères pilotés par des Américains appuieront les forces sud-vietnamiennes au combat sans que cela soit encore officiellement reconnu ». C'est ce qu'indique Claude Moisy, ancien PDG de l'AFP, en poste 19 ans aux Etats-Unis, dans son livre « John F. Kennedy (1917-1963) ».
Lorsque le président est assassiné, en novembre 1963, près de 20.000 militaires américains sont présents au Vietnam. Cependant, « JFK » a hésité à engager des moyens plus conséquents pour mettre en échec la guérilla nord-vietnamienne. C'est son successeur, Lyndon Johnson, qui le fera avec les pleins pouvoirs du Congrès.