Enquête sur l’assassinat de JFK : le très controversé rapport Warren

Dès l'annonce de l'attentat contre le président Kennedy, le 22 novembre 1963 à Dallas, le monde entier s'interroge sur le ou les auteurs, les commanditaires éventuels, les motifs.
Le 28 septembre 1964, la Commission Warrren rend son rapport mais un demi-siècle plus tard des doutes subsistent, des interrogations demeurent, la théorie du complot fait toujours florès.
L'AFP rend compte des premières réactions au rapport présenté par Earl Warren, le quatorzième président de la Cour Suprême des Etats-Unis, chargé de l'enquête sur l'assassinat de « JFK ».
WASHINGTON, 28 septembre (AFP) - « Je suis convaincu qu'Oswald est le seul responsable de ce qui est arrivé et qu'il n'a reçu aucune aide ou assistance de qui que ce soit », a déclaré hier le frère du président Kennedy, M. Robert Kennedy, ancien ministre de la Justice et candidat au poste de sénateur de l'Etat de New York, après la publication du rapport Warren.
La Commission Warren, désignée par le président Johnson pour faire toute la lumière sur l'assassinat de John Kennedy à Dallas, a conclu à la seule responsabilité d'Oswald et à l'absence de tout complot tant extérieur qu'intérieur.
L'ancien ministre de la Justice s'est dit « pleinement satisfait de la façon dont la commission avait porté son enquête sur toutes les éventualités et examiné toutes les preuves ».
Les conclusions de la Commission Warren sont cependant critiquées sévèrement par deux hommes qui, depuis longtemps, ont contesté les résultats de l'enquête officielle: M. Thomas G. Buchanan, auteur du livre « Qui a tué Kennedy ? », traduit et publié en 18 langues, et Me Mark Lane qui soutient la thèse de l'innocence d'Oswald.
Pour M. Buchanan, les nouveaux détails fournis par le rapport de la commission confirment son opinion « selon laquelle Oswald n'est ni complètement innocent, ni complètement coupable ».

M. Buchanan estime que la commission a fait plutôt oeuvre d'agent de relations publiques qu'oeuvre de véritable enquêteur.
A ce titre, il considère qu'elle a apporté « une énorme contribution à la compréhension » (des événements de Dallas) par le public.
Cependant, il lui reproche d'avoir trop rapidement accepté « la part des témoignages correspondant à sa propre opinion selon laquelle un seul homme est responsable (de l'assassinat) ». M. Buchanan formule également plusieurs objections aux conclusions de la commission.
M. Lane, lui, n'hésite pas à affirmer que la commission « a été formée afin d'empêcher que la lumière soit faite et que son objectif était non de rechercher la vérité mais de l'escamoter en n'épargnant aucun effort à cette fin ».
Cette déclaration, faite à Londres, a été appuyée par un communiqué du philosophe Bertrand Russell qui préside le comité britannique du mouvement « Qui a tué Kennedy ? ».
Quant à Me Belli, qui défendit Jack Ruby, l'assassin de Lee Oswald, il trouve, dans le rapport de la commission, confirmation de sa thèse selon laquelle Ruby n'avait pas été et ne pouvait pas être jugé avec impartialité à Dallas. Me Belli a interjeté appel au nom de Jack Ruby.
Cependant, un autre aspect du rapport Warren retient également l'attention aux Etats-Unis : les critiques faites à l'organisation de la sécurité du président et les recommandations émises en vue de l'améliorer.
Conformément à la première de ces recommandations, le président Johnson a nommé dimanche un comité formé de quatre membres du cabinet pour veiller à la bonne exécution des autres recommandations.
De son côté, M. Mike Mansfield, leader de la majorité démocrate au Sénat, a exprimé l'espoir « que les souhaits de la commission seraient examinés aussi rapidement que possible par les chambres ».
Dans l'ensemble, la presse britannique approuve les conclusions de la Commission Warren. Elle souligne l'« honnêteté » de celle-ci (le « Times ») et se félicite de ce que « nous sommes maintenant en possession de tous les faits que nous pouvons raisonnablement espérer connaître » (le « Sun », Indépendant).