Quelques figures du mouvement noir
Martin Luther King est la figure la plus connue du mouvement noir : il a remporté les plus grandes victoires et son assassinat en 1968 l'a fait entrer dans l'Histoire. Mais avant lui, à ses côtés ou parfois même contre lui, d'autres se sont battus pour l'égalité des droits des Noirs.

Martin Luther King (1929-1968)
Martin Luther King, militant pour l'égalité, la paix au Vietnam et la justice sociale est né à Atlanta le 15 janvier 1929. Engagé dans la lutte contre la ségrégation à Montgomery, Alabama(1955-1956), où le succès du boycott des bus lui donne une stature nationale, il poursuit de 1962 à 1965 une stratégie de résistance passive. Arrêté à Birmingham en 1963 où la police lâche des chiens sur les manifestants, il appelle à la désobéissance civile dans sa « lettre de la prison de Birmingham ». La même année, la « marche pour l'emploi et la liberté » qui réunit quelque 250.000 personnes à Washington marque l'apogée du mouvement non-violent pour les droits civiques. C'est là que le révérend King lance à la foule « I have a dream ».
Reçu par le pape Paul VI, le pasteur baptiste, prédicateur émérite, reçoit le prix Nobel de la Paix en 1964.
Passionné par la philosophie, il s'inspire de Henry Thoreau et de sa théorie de la désobéissance civile ainsi que de Gandhi. Emprisonné une vingtaine de fois, il utilise la non-violence comme une arme.
Après les émeutes des ghettos du Nord (1964-1967), le pasteur évolue vers un socialisme démocratique et s'engage pour les défavorisés avec sa campagne « Poor People's Campaign » (1968). Son assassinat le 4 avril 1968 déclenche des émeutes dans une centaine de villes américaines et le hisse au rang de héros national, seul Noir dont l'anniversaire de la mort est fête nationale aux Etats-Unis.

Rosa Parks (1913-2005)
Couturière menue de 42 ans, Rosa Parks a lancé le mouvement de lutte pour l'égalité des Noirs en refusant de céder sa place à un Blanc dans un autobus de Montgomery, dans l'Alabama (sud). Ce simple geste le 1er décembre 1955 a déclenché un mouvement de boycott des bus municipaux, emmené par le pasteur Martin Luther King, qui aboutit, en 1956, à l'abolition par la Cour suprême de la ségrégation dans les transports en commun. Mariée à un coiffeur membre de la NAACP, l'association nationale pour le progrès des gens de couleur, elle était devenue dans les années 40, l'une des premières militantes de ce groupe pionnier dans la lutte pour les droits civiques.
Malcolm X (1925-1965)
Malcolm Little, connu sous le nom de Malcolm X, était un militant qui prônait le séparatisme noir. Né en 1925 dans le Nebraska, il est le fils d'Earl Little, charpentier et prêcheur baptiste, fervent soutien du nationaliste noir Marcus Garvey. Il n'est encore qu'un enfant lorsque son père meurt, écrasé par un tramway. Il est persuadé qu'il a été assassiné par un groupe proche du Ku Klux Klan.

Sa mère perd la garde de ses enfants et Malcolm, placé en foyer d'accueil, plonge dans la drogue et la délinquance. En prison, où il est envoyé en 1946, il se convertit à l'Islam. A sa libération en 1952, il rejoint la « Nation de l'Islam », une petite organisation qui prône le nationalisme noir. Il troque son nom pour Malcolm X, afin d'effacer ce qu'il appelle son nom d'esclave. Apprécié pour ses qualités d'orateur, il devient prêcheur.
En 1960, il rencontre Fidel Castro à Harlem. En 1964, il quitte la « Nation de l'Islam » après de vives tensions avec son dirigeant, Elijah Muhammad. Il crée sa propre organisation, « Muslim Mosque » (la Mosquée musulmane), ouverte au monde islamique et prônant l'autogestion économique des Noirs. Dans un discours « Le vote ou la balle » (1964), il légitime la violence pour défendre le peuple noir. Il est assassiné le 21 février 1965 à New York. Trois membres de « Nation de l'Islam » sont reconnus coupables.
Les Panthères noires
A l'avant-garde des groupes révolutionnaires afro-américains, le « Black Panther Party » (BPP) fondé en 1966 par deux étudiants d'Oakland (Californie), Huey Newton et Bobby Seale, incarne le radicalisme contestataire. Dans sa lutte contre le gouvernement fédéral, le BPP prône le port d'arme par les Noirs pour se défendre, notamment contre les policiers traités de « porcs ». Ils

forment des milices pour assurer la sécurité dans les ghettos et souhaitent créer une armée de la nation noire (idée de Malcolm X, inspirateur des BPP). Contre ce qu'ils appellent l'AmeriKKKa (nation du KKK, organisation raciste et violente), ils revendiquent le « pouvoir noir » et brandissent le poing, à l'image des deux médaillés aux Jeux
Olympiques de Mexico en 1968. Le FBI et son directeur Edgar Hoover leur mènent une impitoyable guerre qui aboutit à la décomposition du mouvement à la fin des années 70.
James Baldwin (1924-1987)

L'écrivain James Baldwin a influencé des auteurs comme la lauréate du prix Nobel de Littérature, Toni Morrison, ou Allen Ginsberg.
Après s'être réfugié à Paris entre 1948 et 1957, il part sillonner les Etats-Unis pour plaider la cause de la
communauté noire et se lie d'amitié avec Malcolm X et Martin Luther King.
En 1963, ce « fils de Harlem » publie « La prochaine fois, le feu », un essai dans lequel il appelle l'Amérique blanche à se remettre en question et à se demander pourquoi « la figure du nègre lui était nécessaire ». Il dénonce aussi « la fabrication du nègre » par le cinéma hollywoodien. Le réalisateur Raoul Peck lui a consacré un documentaire nommé aux Oscars 2017, « Je ne suis pas votre nègre » (« I Am Not Your Negro »).