Les émeutes dans les grandes villes

 

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Nettoyage une semaine après les émeutes de Watts (Los Angeles, 1965) - AFP
Nettoyage une semaine après les émeutes de Watts (Los Angeles, 1965) - AFP

Après la promulgation de la loi sur le droit de vote des Noirs le 6 août 1965, éclatent les premières émeutes dans les quartiers noirs de villes au Nord et à l'Ouest du pays. Ces soulèvements populaires d'une intensité extrême, souvent provoqués par des violences policières, démontrent que la pauvreté dans les ghettos noirs est un problème aussi important que celui des droits civiques. Martin Luther King, qui quitte Atlanta pour Chicago en 1966, va voir ses principes de dialogue éprouvés par les partisans de la violence.

- Les émeutes de Watts - août 1965 -

Le 11 août 1965, éclatent à Los Angeles, dans le quartier noir de Watts, les émeutes qui devaient faire en une semaine 34 morts, d'innombrables blessés et causer plus de 40 millions de dollars de dégâts.

A l'origine, une banale affaire de contrôle de police. Le soir du 11 août 1965, Marquette Frye, un Noir de 21 ans, regagne son domicile dans ce que l'AFP à l'époque décrit comme le « vaste et sordide ghetto de Watts », le plus grand des Etats-Unis, dans sa vieille voiture. A ses côtés, son demi-frère, Ronnie. Ils sont arrêtés par la police routière et emmenés au commissariat pour une prise de sang. Marquette Frye est gardé à vue en attendant les résultats de l'analyse. Sa mère alertée, se rend sur les lieux et commence à injurier les policiers.

« En cette chaude et humide soirée d’août, ce sont bientôt un millier de Noirs surexcités qui encerclent le commissariat. Des renforts de police arrivent. Le scénario classique commence : bouteilles vides et pavés contre matraques et grenades lacrymogènes. Mais cette fois, frustrée par des années de misère et de mépris, de discrimination raciale et d'indifférence, la population du ghetto explose littéralement.

Aux cris de " Burn, baby burn ", incendies, pillages de magasins et de débits de boisson se succèdent. La police ouvre le feu. En une semaine le quartier est pratiquement détruit.»

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Policier et manifestant lors des émeutes de Newark (14 juillet 1967) - AFP
Policier et manifestant lors des émeutes de Newark (14 juillet 1967) - AFP

- L'insurrection du ghetto de Newark - juillet 1967 -

Une altercation entre deux policiers blancs et un chauffeur de taxi noir déclenche le 12 juillet 1967 l'insurrection du ghetto de Newark, une ville proche de New York, dont la moitié des habitants sont noirs.

Pendant cinq jours, les émeutiers « poussés à bout par la chaleur et la misère », comme le décrit l'AFP, mirent tout un quartier à sac. Sept mille policiers et gardes nationaux furent appelés à la rescousse. Vingt-six personnes furent tuées et les dégâts évalués à quelque 15 millions de dollars.

Les violences s'étendent comme un feu de paille aux Etats-Unis. Plus de 160 émeutes enflamment les villes américaines au cours de l'été torride de 1967.

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Fouille de Noirs lors des émeutes de Detroit (juillet 1967) - AFP
Fouille de Noirs lors des émeutes de Detroit (juillet 1967) - AFP

- Les émeutes de Detroit - juillet 1967 -

Le 23 juillet 1967, une descente de police dans un bar clandestin d'un quartier noir de Detroit va provoquer cinq jours d'émeutes, de pillages et d'incendies. Plusieurs personnes trouvent la mort dans le raid de la police et des rumeurs sur l'implication de policiers attisent les rancœurs. Des émeutes éclatent et font 43 morts et 467 blessés.

Les émeutes vont accentuer la désindustrialisation qui s'amorçait dans la capitale de l'automobile américaine. Après les émeutes, les entreprises préfèrent déménager plutôt que de fonctionner dans une ville détruite par les violences urbaines.