Le Ku Klux Klan, une organisation raciste qui hante la mémoire américaine

 

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Des membres du Ku Klux Klan lors d'une cérémonie (Atlanta, années 30) - AFP
Des membres du Ku Klux Klan lors d'une cérémonie (Atlanta, années 30) - AFP

L'histoire du Ku Klux Klan (KKK), une organisation raciste et violente ayant compté jusqu'à deux millions de membres dans les années 1920, oscille entre quasi-disparitions et résurgences violentes, au gré des poussées de racisme dont les Etats-Unis sont coutumiers.

Fondé en 1866 dans le Tennessee (sud), le KKK regroupe alors une poignée de nostalgiques du Sud esclavagiste qui se distinguent par des rituels comme des parades au flambeau, robes et cagoules blanches ornées de signes astrologiques.

L'année suivante, le Klan se transforme en force paramilitaire sous la houlette d'anciens officiers sudistes dont le général Nathan Bedford Forrest, premier "grand sorcier impérial" de "l'empire invisible".

L'objectif du Klan est de terroriser les anciens esclaves qui ont obtenu le droit de vote en 1867 et de "mettre fin au dogme de l'égalité raciale". Les encagoulés entendent reconquérir par la violence ce que la guerre civile et les urnes leur ont ôté : la suprématie blanche dans le Sud.

Ce premier Ku Klux Klan va progressivement disparaître alors que les Sudistes conservateurs, fédérés par le Parti démocrate, reviennent aux affaires dans le Sud et instaurent des lois ségrégationnistes inflexibles.

L'année 1915 voit l'émergence d'un nouveau Klan qui s'en prend non seulement aux Noirs mais aussi à l'Eglise catholique, soupçonnée de machinations anti-américaines, aux juifs, aux nouveaux immigrants et à tout ce qui enfreint l'ordre moral. Au début des années 1920, ce Klan attire des millions d'Américains. En août 1925, 40.000 "Klanistes" défilent devant la Maison Blanche. Des hommes politiques influents adhèrent au KKK.

Mais dissensions, scissions et scandales vont affaiblir le mouvement jusqu'à le faire quasiment disparaître à la fin des années 30.

En 1945, un nouveau Klan réapparaît. Il se contente de vivoter dans quelques Etats du Sud. Le mouvement pour les droits civiques des années 60 va lui donner l'occasion de se manifester. Bénéficiant de la mansuétude des autorités locales, les extrémistes blancs se déchaînent contre les adversaires de la ségrégation.

Mais leur violence va choquer l'opinion américaine et contribuer à les marginaliser.

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Funérailles de Carol Robertson tuée dans l'attentat de Birmingham (1963) - AFP
Funérailles de Carol Robertson tuée dans l'attentat de Birmingham (1963) - AFP

En 1963, quatre fillettes sont tuées par l'explosion d'une bombe dans une église d'Alabama (sud). L'attentat se produit un dimanche matin, à l'heure du catéchisme. Les quatre auteurs, membres du Ku Klux Klan, sont démasqués par le FBI en 1965. Le procès du meneur n'a lieu qu'en 1977. Il sera condamné à la perpétuité. Un de ses complices meurt non jugé en 1994 et les deux autres sont condamnés eux aussi à la perpétuité en 2001.

En 1964, trois jeunes militants des droits civiques dont deux juifs new-yorkais sont tués dans le Mississippi (sud). Ce n'est qu'en juin 2005 qu'Edgar Ray Killen, ancien responsable local du KKK, est condamné pour ces meurtres. Il ne formulera aucun remord.

Les héritiers du Klan ne sont plus aujourd'hui qu'une poignée, divisés en groupuscules, parfois violents mais incapables de réellement peser sur la société américaine contemporaine. La faiblesse du nombre d'adhérents n'est cependant pas le signe d'un épuisement de l'idéologie raciste.