Munich - 1972 : Septembre noir

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Cercueils des athlètes israéliens, aéroport de Munich, 8 septembre 1972
Cercueils des athlètes israéliens, aéroport de Munich, 8 septembre 1972 - AFP

En 1972, pour la première fois dans l'histoire olympique, les Jeux de Munich sont frappés par le terrorisme.

Le 5 septembre 1972, au petit matin, un commando de huit Palestiniens baptisé « Septembre Noir » s'introduit dans le village olympique, avec des complicités extérieures, et fait irruption dans le pavillon 31, celui des Israéliens.

Deux athlètes israéliens sont tués, neuf sont pris en otage. Les assaillants demandent la libération de 200 prisonniers politiques en Israël et menacent d'exécuter deux otages toutes les heures, s'ils n'obtiennent pas satisfaction.

Dans la matinée, un communiqué commun, signé de Willi Daume, président du comité d'organisation, et d'Avery Brundage, son homologue du CIO, est publié : « La paix a été rompue par un assassinat commis par des terroristes criminels. L'ensemble du monde civilisé condamne

 ce crime barbare. En signe de profond respect pour les victimes et de sympathie pour les otages encore détenus, les compétitions sportives de cet après-midi seront arrêtées ».

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Terroriste dans le village olympique de Munich, le 5 septembre 1972
Terroriste dans le village olympique de Munich, le 5 septembre 1972 - AFP

Le village olympique est bouclé par 4000 policiers et les compétitions sont suspendues, une première dans l'histoire des Jeux. Les autorités israéliennes refusent de céder aux exigences des terroristes. Les négociations se prolongent entre le commando et la police de Munich.

Dans la soirée, après onze heures de pourparlers, les autorités allemandes réussissent à convaincre le commando de partir pour Le Caire avec les otages à bord d'un Boeing de la Lufthansa mis à leur disposition. Deux hélicoptères quittent le village olympique avec les huit Palestiniens et leurs neuf otages pour l'aérodrome militaire de Furstenfeldbruck, à une trentaine de kilomètres de Munich.

« The Games must go on »

Le drame se joue alors en quelques secondes à leur arrivée sur la piste de l'aérodrome. La police bavaroise a pris, en effet, la responsabilité de donner l'assaut. Dans la fusillade, les neuf otages sont tués ainsi que cinq des huit assaillants, un policier allemand et un pilote d'hélicoptère.

La prise d'otages aura fait au total 18 morts. Un bilan effroyable qui frappe de stupeur le monde entier après trente heures d'angoisse. Les trois Palestiniens survivants sont arrêtés. Ils seront libérés à la demande d'un commando palestinien ayant détourné un avion le 29 octobre 1972 entre Beyrouth et Nicosie.

L'Agence France-Presse est la première à annoncer que tous les otages ont été tués alors que les autres médias affirment que l'opération a été un succès. Pendant 56 minutes, elle détient l'un des scoops les plus importants de son histoire.

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Base aérienne de Munich après la prise d'otages, le 07 septembre 1972
Base aérienne de Munich après la prise d'otages, le 07 septembre 1972 - AFP

Le dirigeant palestinien Abou Daoud reconnaîtra en 1995, pour la première fois, dans l'un des chapitres de ses mémoires intitulé « Munich, la vérité », sa pleine responsabilité dans cet attentat. L'idée est née en juin 1972 et Abou Daoud avait été chargé de préparer l'opération et d'en superviser le déroulement à Munich même.

Au lendemain du drame, après une journée d'interruption, le CIO organise au stade olympique une cérémonie funèbre à la mémoire des victimes. Devant une foule de 80.000 personnes, Brundage lancera alors une phrase devenue célèbre: « The Games must go on » (« les Jeux doivent continuer »).