De 1900 à 1932 : les balbutiements de l'olympisme

Les premières éditions des JO du 20e siècle, de 1900 à 1932, marquent les balbutiements de l'olympisme, encore à la recherche d'une formule universelle, avec des épreuves sportives parfois cocasses et une élite sportive difficile à réunir face aux crises économiques de l'époque.
- 1900 : Quatre ans après Athènes, les deuxièmes Jeux de l'histoire ont lieu à Paris, dans le pays du fondateur Pierre de Coubertin. Le Baron sera fort déçu. Totalement éclipsés par l'Exposition Universelle et l'arrivée de la Tour Eiffel, sans cérémonie d'ouverture ni de clôture, les Jeux s'éternisent du 20 mai au 28 octobre, dans l'indifférence et la confusion, aux quatre coins de la capitale et du pays.
« C'est miracle que le mouvement olympique ait survécu à ces Jeux », dira plus tard Coubertin. Le programme sportif est plutôt insolite avec des épreuves comme le « saut en hauteur sans élan », le grimper de corde ou la « nage avec obstacles ».
- 1904 : Après Paris, les Jeux de Saint-Louis (Missouri), aux Etats-Unis, sont un nouvel échec. 680 athlètes y participent, dont près de 580 Américains, représentant 12 nations seulement. La longue traversée de l'Atlantique en bateau a découragé de nombreux pays, dont la France.
Et les Jeux connaissent leur premier scandale : le lauréat du marathon, l'Américain Fred Lorz, est disqualifié pour avoir utilisé une automobile pendant la course. Il sera déclassé au profit de son compatriote Thomas Hicks, que deux piqûres de strychnine et quelques rasades de cognac ont bien aidé...

Pour la première fois, des médailles d'or sont remises aux lauréats. Les Américains sont les grands triomphateurs avec 79 décorations. Mais l'Histoire retiendra aussi l'organisation parallèle de « Jeux anthropologiques », des compétitions spéciales réservées aux hommes de couleur.
- 1908 : C'est Londres qui donnera pour la première fois aux Jeux la dimension d'un événement majeur, après avoir remplacé Rome au pied levé. Lors du premier défilé officiel, le 13 juillet, en présence de la famille royale, quelque 2000 athlètes représentent 22 pays. C'est lors de cette édition qu'est fixée la distance mythique du marathon, 42,195 km, la distance exacte séparant le départ du château de Windsor de l'arrivée sur le stade de White City.
Grâce à la bonne organisation et à un véritable intérêt sportif – nombre suffisant d'épreuves et d'athlètes – , l'olympisme devient un mouvement reconnu et apprécié. C'est à Londres qu'apparaissent les trois médailles pour les trois premiers de chaque épreuve.
- 1912 : Les Jeux de Stockholm consacrent le succès de l'épreuve. Non seulement l'événement devient universel – pour la première fois les cinq continents sont représentés (environ 2500 athlètes de 28 pays) – , mais ils ont lieu aussi sur une période plus courte (5 mai – 22 juillet) et indépendamment d'une exposition commerciale.
Les Jeux semblent avoir pris leur vitesse de croisière. Sportivement, ces Jeux verront la naissance du crawl, inventé par le nageur hawaïen Duke Kahanamoku. Rendez-vous est fixé à Berlin, en 1916. Mais la Première guerre mondiale éclate et le sport s'efface.
- 1920 : Après une interruption de huit ans, les Jeux réapparaissent à Anvers. La cité belge, sévèrement bombardée durant la guerre, est désignée peu de temps après la fin des combats. Ces Jeux, dont seront exclus l'Allemagne et ses alliés, seront volontairement austères et ne réuniront que 29 nations.
Le drapeau orné des cinq anneaux olympiques – une idée du baron Pierre de Coubertin – et le serment olympique, prononcé par l'escrimeur belge Victor Boin, font leur apparition.
- 1924 :De retour à Paris, quatre ans plus tard, les Jeux seront une vraie réussite sportive malgré la désaffection du public. La capitale française offre aux quelque 3000 athlètes venus de 44 pays le premier village olympique, un stade de 60.000 places à Colombes, et la première véritable piscine olympique, celle des Tourelles, Porte des Lilas. C'est là que se distinguera un Américain du nom de Johnny Weissmuller, futur Tarzan au cinéma. Avec 99 médailles, dont 45 d'or, les Américains sortent grands vainqueurs, symbolisant la formule "citius, altius, fortius" (plus vite, plus haut, plus fort) devenue la devise officielle des Jeux.
- 1928 : Les Jeux suivants, à Amsterdam, sont marqués par deux nouveautés : l'apparition des femmes en athlétisme, malgré l'opposition du baron Pierre de Coubertin, et de la flamme olympique, qui brûlera toute la durée des Jeux. Amsterdam accueille cet événement malgré le veto de la reine Wilhelmine de Hollande, qui considérait les JO comme une « manifestation païenne ».
Autre première : l'émergence de Coca-Cola. Mille caisses de la boisson gazeuse sont placées dans le bateau de la délégation américaine. Prémices du futur partenariat de la firme américaine avec le mouvement olympique.

- 1932 : La terrible crise économique qui suit le krach boursier de 1929 n'altère pas le succès des Jeux de Los Angeles, organisés du 30 juillet au 14 août sous le regard d'acteurs d'Hollywood. Charlie Chaplin, Douglas Fairbanks et Gary Cooper sont des spectateurs passionnés.
Ces Jeux voient l'introduction du chronométrage automatique, l'apparition du podium réunissant les trois premiers et l'hymne national pour saluer le lauréat. En pleine période de prohibition, une exception est faite pour les Français et les Italiens qui affirment que le vin fait partie de leur régime alimentaire.
Privé de compétition pour avoir touché de l'argent alors que la fédération internationale d'athlétisme l'interdisait, le légendaire Finlandais Paavo Nurmi reste sur la touche.