Les grandes affaires de dopage

La disqualification de Ben Johnson en 1988 pour dopage provoque un immense scandale : le monde entier prend soudain conscience du problème. Pourtant la consommation de drogues pour améliorer les performances est loin d'être un phénomène nouveau.
Voici quelques cas de dopage dans les Jeux modernes jusqu'au vaste scandale des Jeux de Sotchi en 2014 qui a mis la Russie au ban des nations sportives.
- 1904 : Thomas Hicks, vainqueur du marathon aux Jeux américains de Saint Louis se fait injecter pendant la courses deux piqûres de strychnine, un stimulant, et quelques rasades de cognac.
- 1960 : le cycliste danois Knut Jensen meurt après une chute pendant la course sur route des Jeux de Rome après avoir absorbé une dose massive de stimulants. Ce décès, puis celui de Tom Simpson lors du Tour de France 1967, incite le CIO à se doter d'une commission médicale et à édicter une liste des produits interdits.
- 1968 : le CIO officialise les premiers contrôles antidopage aux JO, à Grenoble et Mexico. Le premier sportif convaincu de dopage est un pentathlète suédois, Hans Gunnar Liljenvall, pour consommation d'alcool !
- 1988 : le Canadien Ben Johnson fait sensation aux JO de Séoul: le 24 septembre 1988, il devient l'homme le plus rapide du monde en remportant le 100 m en 9 sec 79. Un nouveau record du monde, devant la star américaine Carl Lewis. L'Agence France-Presse est la première à annoncer que le coureur se serait dopé au stanozol (stéroïde anabolisant). Le scandale est énorme. Le CIO le disqualifie trois jours plus tard. Le Canadien rend sa médaille au profit de Carl Lewis.
- Dopage d'Etat en ex-Allemagne de l'Est -
Après la chute du communisme dans les années 90, on apprend l'existence d'un programme de dopage en Allemagne de l'Est. Dans les années 70 à 80, la police secrète est-allemande, la Stasi, est aux commandes de cette tricherie généralisée.
Des nageuses tombées malades, après avoir été dopées pendant ces années, réclament des dédommagements devant les tribunaux. Elles racontent les doses d'hormones et de stéroïdes que leurs entraîneurs leur prescrivaient.
- 1999 : en 1998, la découverte de centaine d'ampoules de produits dopants dans la voiture de l'équipe Festina sur le Tour de France déclenche la stupeur. Un an après, le CIO fonde l'Agence mondiale antidopage (AMA).

- 2000 : le lanceur de poids américain C.J. Hunter est banni des Jeux de Sydney après avoir été contrôlé positif à la nandrolone. Sa femme, Marion Jones, rafle cinq médailles, dont trois d'or. Mais sept ans plus tard, acculée par la justice américaine, la sprinteuse américaine avoue avoir pris des produits dopants conçus sur mesure. Le CIO lui retirera toutes ses médailles. Marion Jones n'a jamais été contrôlée positive. Mais ses mensonges l'ont conduite à passer six mois en prison en 2008.
- 2002 : sous la houlette de son nouveau président, Jacques Rogge, la politique antidopage du CIO se durcit. Sept cas positifs sont recensés aux Jeux de Salt Lake City. Trois concernent des médaillés d'or en ski de fond.
- 2004 : les Jeux d'Athènes sont les premiers régis par le Code mondial antidopage. Les sprinteurs grecs Kenteris et Thanou, qui vont jusqu'à simuler grossièrement un accident de moto pour tenter d'échapper à un contrôle, en font les frais en étant exclus. Au total, 26 infractions sont enregistrées. Sans compter le cycliste Tyler Hamilton qui rend sa médaille d'or en 2011 après être passé aux aveux.

- 2006 : la collaboration entre la police italienne et le CIO permet de mettre à jour aux Jeux de Turin les sombres pratiques des fondeurs et biathlètes autrichiens. Les carabinieri découvrent dans leur chalet une officine de transfusion sanguine.
- 2008–2012 : plus que les contrôles positifs d'athlètes de second plan aux Jeux de Pékin et Londres, les analyses complémentaires menées dans les mois et les années suivantes marquent un nouveau pas décisif. La mise au point d'un test de détection de l'EPO-Cera (une forme plus sophistiquée d'érythropoïétine, hormone qui stimule la production de globules rouges) incite le CIO à vérifier tous les échantillons sanguins des Jeux de 2008. Cinq sportifs sont pris dont le champion olympique du 1.500 m Rashid Ramzi (Bahreïn) et le médaillé d'argent de cyclisme sur route, l'Italien Davide Rebellin.

- 2014 : les Jeux de Sotchi en Russie restent dans les mémoires comme ceux du dopage généralisé, organisé au plus haut niveau de l'Etat russe. Le scandale éclate en 2015 après les révélations de deux lanceurs d'alerte russes en fuite aux Etats-Unis.
Les athlètes russes sont privés des jeux de Rio et de nombreux sportifs se voient retirer leurs médailles. Le 5 décembre 2017, le CIO suspend la Russie des JO-2018. Moscou réfute l'existence d'un système de dopage d'Etat.
Sur 43 sportifs russes de Sotchi bannis à vie des JO par le CIO, 28 sont finalement blanchis par le Tribunal arbitral du sport (TAS) de Lausanne, un lourd désaveu pour le mouvement olympique et la lutte antidopage. La Russie récupère neuf des treize médailles qui lui avaient été retirées, ainsi que la première place au classement par pays de Sotchi-2014.
Mais pour punir Moscou d'avoir récidivé dans la triche en falsifiant des données de contrôle, l'AMA, début décembre, exclut à l'unanimité la Russie des JO pour quatre ans. Cela inclut notamment Tokyo-2020 et Pékin-2022, ainsi que la Coupe du monde 2022 au Qatar.
Le dopage, une politique d'Etat en Allemagne de l'Est - INA