De 1948 à 1968 : le sport roi

Fanny Blankers-Koen aux JO de Londres, le 04 août 1948 - AFP
Fanny Blankers-Koen aux JO de Londres, le 04 août 1948 - AFP

Après-guerre, les Jeux Olympiques vont devenir le plus grand rassemblement sportif du monde malgré la Guerre froide.

 

- 1948 : Londres, bombardée pendant la guerre, accueille les Jeux au milieu des travaux de reconstruction. Il s'agit des premiers Jeux après ceux de Berlin en 1936. La fête est austère, et pour pallier d'éventuels problèmes de ravitaillement, certaines délégations ont même apporté leurs propres provisions.
 

 

Mais l'olympisme a survécu au conflit, même si les Allemands ne sont pas invités par le CIO. L'Union soviétique est encore absente, comme depuis 1917, année de l'arrivée au pouvoir du régime communiste.

Aucune innovation majeure n'est intégrée au protocole, à l'exception du choix de ne pas disputer d'épreuves le dimanche...

La Néerlandaise Fanny Blankers-Koen est la reine des Jeux avec quatre médailles d'or (100 m, 200 m, 80 m haies, 4x100 m).
 

Cérémonie d'ouverture des JO de Londres, le 26 juillet 1948 - AFP
Cérémonie d'ouverture des JO de Londres, le 26 juillet 1948 - AFP
- 1952 : Restés dans l'histoire comme un exemple de réussite, les Jeux d'Helsinki ont rassemblé tous les ingrédients de l'idéal olympique: un inépuisable enthousiasme populaire, une organisation parfaite et un champion de légende, le Tchécoslovaque Emil Zatopek, la "locomotive", auteur d'un invraisemblable triplé (5000 m/10.000 m/marathon).
 
En Finlande, pays neutre, le CIO remporte un joli succès diplomatique en obtenant l'intégration de l'Union soviétique dans le mouvement olympique, alors que la guerre froide atteint son point culminant en Corée.

- 1956 : L'hémisphère Sud, avec Melbourne, accueille pour la première fois les Jeux Olympiques. L'affaire du Canal de Suez, le deuxième conflit entre l'Egypte et Israël, la violence en Afrique du Nord (notamment en Algérie), mais surtout l'invasion de la Hongrie par les chars soviétiques font craindre le pire. La tension va d'ailleurs dégénérer dans la piscine entre les équipes soviétique et hongroise de water-polo, et l'eau finira rouge sang. Quarante-cinq athlètes hongrois passeront à l'Ouest après ces Jeux.

Alain Mimoun et Emil Zatopek aux JO d'Helsinki, le 26 juillet 1952 - AFP
Alain Mimoun et Emil Zatopek aux JO d'Helsinki, le 26 juillet 1952 - AFP

Autre problème : le choix de Melbourne engendre la première violation de la charte olympique, relative à l'unité de lieu. La loi australienne impose, en effet, une "quarantaine" de six mois à tous les chevaux étrangers. Le CIO décide alors de confier à Stockholm l'organisation des épreuves d'équitation.
 
La gymnaste soviétique Larissa Latynina remporte quatre titres. Elle terminera sa carrière avec 18 médailles olympiques, record battu à Londres en 2012 par le nageur américain Michael Phelps (22 médailles dont 18 en or).
 
Le Français Alain Mimoun remporte lui le marathon, devant Zatopek (6e) opéré d'une hernie un mois et demi plus tôt.
 
- 1960 : L'image de l'Ethiopien Abebe Bikila, premier athlète Africain noir sacré champion olympique, gagnant pieds nus le marathon au milieu des vestiges de la grandeur impériale de l'ex-puissance coloniale italienne, du Capitole à la Via Appia, est restée attachée aux Jeux de Rome, mariage réussi d'histoire et de modernité.
 
Le boxeur américain Cassius Clay, futur Mohamed Ali, remporte la médaille d'or des mi-lourds qu'il jettera de rage dans la rivière Ohio à son retour au pays, après s'être vu refuser l'entrée dans un restaurant réservé aux Blancs.
 

Anton Geesink immobilise Akio Kaminaga, le 23 octobre 1964 aux Jo de Tokyo - AFP
Anton Geesink immobilise Akio Kaminaga, le 23 octobre 1964 aux Jo de Tokyo - AFP
- 1964 : Illuminés par les exploits de nombreux champions de légende, les Jeux de Tokyo ont aussi été le théâtre de la plus grande déception jamais subie par un pays hôte. Lorsque commencent les compétitions de judo, le sport national nippon, tout spécialement introduit au programme olympique pour faire plaisir au premier hôte asiatique des Jeux, personne n'imagine que la médaille d'or "toutes catégories" puisse échapper à un enfant du pays. C'est pourtant ce qui se produit quand le géant néerlandais Anton Geesink immobilise Akio Kaminaga devant des spectateurs éberlués, dans les dernières secondes de la finale.
 
- 1968 : L'incroyable bond de l'Américain Bob Beamon à 8m90 au saut en longueur symbolise le cap franchi par le sport aux Jeux de Mexico. Grâce aux effets de l'altitude et à des préparations de plus en plus sérieuses, 34 records du monde tombent. Dick Fosbury invente lui une nouvelle manière de sauter en hauteur, dos à la barre, le « Fosbury Flop », toujours adopté depuis.
 
Le poing ganté des noirs américains Tommy Smith et John Carlos sur le podium du 200 m, pour dénoncer la discrimination à l'encontre des Noirs aux Etats-Unis, amorce aussi l'entrée des Jeux dans une ère où la politique sera tout près d'avoir raison du sport.