Les Etats-Unis frappés par la plus grande offensive terroriste jamais lancée

« Un avion s'est écrasé mardi dans la partie supérieure de l'une des deux tours du World Trade Center à New York (télévisions). »
C'est avec ce premier « bulletin » daté de New York et diffusé à 08H55 heures locales que l'AFP débute la couverture de la journée du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
Suivent de nombreuses dépêches de plus en plus précises à mesure que les journalistes découvrent l'ampleur des quatre opérations-suicide menées par 19 pirates de l'air contre plusieurs symboles politique, économique et militaire américains.
Voici la dernière dépêche rédigée au soir du 11 septembre 2001. De nombreuses questions sont alors encore sans réponse mais les premiers soupçons se dirigent déjà vers Oussama Ben Laden, le chef du réseau islamiste Al-Qaïda.
NEW YORK, 11 septembre 2001 (AFP) - Les Etats-Unis ont été frappés mardi par la plus grave offensive terroriste jamais lancée, qui a visé des lieux symboles de la puissance américaine à New York et Washington et largement désorganisé le pays.
Toute la journée, alors que le président George W. Bush se repliait sur une base militaire dans le Nebraska, les Américains ont suivi en direct le film tragique de ces attentats spectaculaires qui ont détruit les deux tours du World Trade Center à New York et endommagé le Pentagone, percutés par des avions de ligne apparemment détournés.
Aucun bilan n'a été rendu public, mais les morts pourraient se compter par milliers, vu l'heure et le lieu des attaques.
La panique était à son comble dans les rues de Manhattan, et l'état d'urgence a été décrété à Washington.
- Maison Blanche évacuée -

Deux avions de ligne ont d'abord percuté à quelques minutes d'intervalle, aux environs de 09H00 locales, les deux tours géantes du World Trade Center à New York, réduites en cendres une heure plus tard. Quelque 40.000 personnes travaillaient quotidiennement au World Trade Center.
Deux autres appareils se sont ensuite écrasés, l'un en Pennsylvanie et l'autre à Washington sur le Pentagone, siège du ministère américain de la Défense, faisant un nombre indéterminé de victimes.
Au total, ces avions transportaient 266 personnes, selon les compagnies aériennes.
Le Pentagone a été évacué, ainsi que la Maison Blanche, le département d'Etat (ministère des Affaires étrangères) et le département du Trésor.
- « Pourchasser et punir » -
Aucune revendication n'avait été enregistrée à 19H00 GMT. Un haut responsable américain a indiqué sous couvert de l'anonymat que le milliardaire d'origine saoudienne Oussama Ben Laden, accusé par les Etats-Unis d'avoir orchestré les attentats contre les ambassades américaines en Afrique, était ici encore soupçonné.

Le président Bush qui se trouvait en Floride mardi matin au moment des attentats, s'est d'abord rendu en Louisiane, puis « en lieu sûr » sur une base militaire du Nebraska, selon sa conseillère Karen Hughes.
Le président a évoqué une « tragédie nationale » lors d'une « attaque terroriste apparente » et promis de « pourchasser et punir » ses auteurs.
Les forces armées américaines sont en « état d'alerte maximale », a-t-il déclaré.
Tous les vols ont été suspendus au moins jusqu'à 16H00 GMT mercredi, ont annoncé les autorités de l'aviation civile.

- Nombre « terrible » de victimes -
L'explosion et l'effondrement des célèbres tours jumelles a fait un nombre « terrible » de victimes, a annoncé le maire de New York, Rudolph Giuliani, qui a demandé aux habitants de quitter le sud de Manhattan et appelé la garde nationale à la rescousse.
Dans les rues, des piétons recouverts de poussière couraient dans tous les sens, des voitures de police passaient en trombe toutes sirènes hurlantes et des témoins en pleurs, hagards ou en prière, s'effondraient sur les trottoirs.
« J'ai entendu un grondement énorme au-dessus de ma tête. Un avion commercial est rentré droit dedans », a témoigné Mark Obenhau, qui se rendait à sa station de métro à proximité des tours jumelles lors du premier impact.
Un employé travaillant au premier étage d'une des tours a raconté : « au moins 14 personnes ont sauté par les fenêtres ».
La compagnie American Airlines a annoncé la perte de deux avions de ligne transportant au total 156 personnes, mais n'a pas indiqué s'il s'agissait des appareils ayant percuté le World Trade Center. United Airlines a également annoncé la perte de deux avions, transportant au total 110 personnes, dont celui qui s'est écrasé en Pennsylvanie.
Même si les attentats n'ont touché que la côte Est, le gouverneur de Californie Gray Davis a ordonné la fermeture de tous les bâtiments du gouvernement dans son Etat. A San Francisco, le maire a également ordonné la fermeture des principaux monuments et bâtiments. Les écoles ont été fermées.
Les parcs d'attractions de Disneyland (Californie) et de Walt Disney World (Floride), ont aussi fermé leurs portes, de même que les studios de cinéma Universal à Los Angeles.
Les liaisons téléphoniques à l'intérieur et avec l'étranger étaient en outre complètement saturées, en raison du volume d'appels de personnes cherchant à savoir si leurs proches étaient sains et saufs.

- Séisme sur les marchés financiers -
Les alliés des Etats-Unis à travers le monde, l'Otan, l'Union européenne, les chefs d'Etat ou de gouvernement de plusieurs pays européens, le gouvernement israélien, le président palestinien Yasser Arafat et le président russe Vladimir Poutine, ont adressé des messages de sympathie aux autorités américaines.
En revanche à Gaza, un haut responsable du (mouvement radical palestinien) Jihad islamique a vu dans les attentats la conséquence de « la politique américaine dans la région la plus chaude du monde (NDLR : le Proche-Orient) ». Des dizaines de réfugiés palestiniens ont également manifesté leur joie à l'annonce de ces attaques en tirant en l'air.
Le Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), basé à Damas, a affirmé n'avoir aucun lien avec ces attaques.
Le régime taliban au pouvoir en Afghanistan, où vit Oussama ben Laden, a également démenti tout rôle du milliardaire d'origine saoudienne, recherché par la justice américaine pour les attentats anti-américains de Nairobi et Dar es-Salaam, qui avaient fait 224 morts et des milliers de blessés en 1998.
La vague d'attaques terroristes a également provoqué un séisme sur les marchés financiers, en chute libre en Europe et à Sao Paulo, tandis que les cours du brut grimpaient en flèche, tout comme ceux de l'or et de l'euro.
Avec l'annulation de tous les vols commerciaux et la fermeture des bourses américaines, une grande partie de l'activité économique des Etats-Unis tournait au ralenti mardi.