Les derniers moments du vol 93 d'United Airlines

 

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Epave du vol UA93 à Shanksville le 12/09/2001 - David Maxwell - AFP
Epave du vol UA93 à Shanksville le 12/09/2001. David Maxwell - AFP

Par Michel LECLERCQ

Le vol UA93 est le seul des quatre avions détournés à avoir raté sa cible probablement la Maison Blanche, selon les enquêteurs. Partis de Newark (l'un des trois aéroports new-yorkais) en direction de San Francisco, il est détourné. Des passagers informés par téléphone des attaques à New York se sont battus à bord avec les kamikazes.

Voici une dépêche publiée deux jours après le crash de l'appareil en Pennsylvanie.

NEW YORK, 13 septembre 2001 (AFP) - Les passagers du vol 93 d'United Airlines se sont apparemment battus avec les pirates de l'air avant que leur Boeing 757 ne s'écrase mardi en Pennsylvanie ... à quelque 400 km de Washington, leur cible selon les autorités américaines.

Les derniers et tragiques moments (des 33 passagers et 7 membres d'équipage) étaient mieux connus deux jours après les attentats grâce aux conversations téléphoniques de passagers avec des proches et à l'enregistrement des contacts entre l'appareil et les contrôleurs aériens, tels que rapportés par plusieurs médias.

Trois autres avions de ligne ont été détournés par des kamikazes qui les ont écrasés, deux contre les tours jumelles du World Trade Center à New York et un sur le Pentagone, à Washington.

(A 08H42), le Boeing s'envole de Newark, un des trois aéroports de New York situé dans le New Jersey, pour San Francisco, en Californie, les réservoirs pleins pour un vol de plusieurs heures.

Mais, environ 90 minutes plus tard, les contrôleurs constatent que l'avion effectue un demi-tour et prend la direction de Washington.

Ils entendent alors quelqu'un crier dans le cockpit : « sortez d'ici », et un peu plus tard, après une échauffourée, la même injonction. Le micro s'éteint puis est rallumé.

La télévision CNN rapporte qu'on entend à ce moment quelqu'un dire, dans un mauvais anglais, aux passagers : « Ici votre commandant, il y a une bombe à bord. Restez à vos sièges. Il y a une bombe à bord. Soyez calmes. Nous allons obéir à leurs demandes, nous retournons à l'aéroport ».

- Trois hommes armés de couteaux -

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Mémorial en hommage aux victimes du vol UA93 le 11/09/2001 - Tom Mihalek - AFP
Mémorial en hommage aux victimes du vol UA93 le 11/09/2001. Tom Mihalek - AFP

C'est à ce moment qu'un des passagers, Jeremy Glick, 31 ans, appelle son épouse Lyzbeth au téléphone, a raconté son beau-frère Douglas Hurwitt au quotidien Washington Post.

Il lui dit que l'avion est détourné par trois hommes de type moyen-oriental, armés de couteaux et portant une boîte rouge contenant soi-disant une bombe.

Les pirates, un bandeau rouge sur le front, rassemblent équipage et passagers au fond de l'avion. Quand sa femme lui annonce qu'un avion suicide s'est encastré dans une tour du World Trade Center, Jeremy Glick aurait alors décidé d'agir avec d'autres passagers.

« Ils allaient empêcher (les pirates) de faire ce qu'ils projetaient » même « s'ils savaient que les arrêter signifierait la fin de leurs vies », a affirmé M. Hurwitt.

Un homme d'affaires californien de 38 ans, Thomas Burnett, donne quatre coups de téléphone à sa femme Deena. Après que les pirates eurent tué un passager, il lui dit qu'avec d'autres ils vont « faire quelque chose » pour arrêter le commando suicide.

Lyzbeth Glick, qui parle déjà depuis dix minutes avec son mari, demande à son père d'appeler la police fédérale (FBI). Les agents enregistrent pendant 20 minutes les échanges, qui se terminent « avec des bruits divers et des cris ».

Le Boeing effectue alors plusieurs manœuvres surprenantes et, à 10H03, les radars perdent sa trace. Il vient de plonger et s'est écrasé dans un champ, dans l'ouest de la Pennsylvanie.

Selon les autorités américaines, les terroristes avaient probablement l'intention de projeter l'appareil contre la Maison Blanche.

« Je suis parvenu à la conclusion qu'il y a eu une lutte à bord et qu'un individu héroïque s'est dit : " Nous allons mourir, alors autant le faire s'écraser ici " », a déclaré John Murtha, un élu de Pennsylvanie.