Le Pentagone brûle toujours à Washington, capitale fantôme

 

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Le Pentagone éventré par un avion le 11/09/2001 à Washington - Stephen Jaffe - AFP
Le Pentagone éventré par un avion le 11/09/2001 à Washington. Stephen Jaffe - AFP

Par Léon BRUNEAU

Quelque 184 personnes sont mortes dans l'attentat contre le Pentagone, le ministère américain des Armées qui est le plus grand ensemble de bureaux du pays.

Voici une dépêche écrite le lendemain de l'attentat.

 

WASHINGTON, 12 septembre 2001 - D'énormes volutes de fumée noire s'échappent des entrailles du Pentagone. Les pompiers continuent de s'affairer autour du centre névralgique de la défense américaine, dans l'espoir de pouvoir enfin pénétrer dans le bâtiment et d'y trouver des survivants.

Malgré les tonnes d'eau déversées, l'incendie continuait dans la nuit à cracher son épaisse fumée, répandant une odeur âcre à plusieurs centaines de mètres autour du gigantesque bâtiment, campé sur les rives du Potomac à quelques encâblures à vol d'oiseau de la Maison Blanche.

« L'incendie n'est pas encore éteint. Les secours ne peuvent se rendre à l'intérieur tant que l'incendie fait rage », explique un policier en patrouille sous couvert de l'anonymat.

Le bilan des victimes n'est toujours pas connu et devrait être d'autant plus difficile à évaluer que la partie du bâtiment dans laquelle s'est encastré l'avion venait d'être rénovée et que le personnel venait à peine de commencer à s'y installer. Selon les médias américains, il pourrait y avoir jusqu'à 800 morts.

Des patrouilles de policiers ont été déployées à tous les points d'accès pour maintenir les curieux à distance, tandis qu'un ballet d'hélicoptères continue à survoler le Pentagone, braquant leurs projecteurs sur la brèche béante.

D'énormes convois convergent dans la nuit vers les immenses parkings qui encerclent le gigantesque édifice, acheminant notamment des grues qui serviront à évacuer les gravats lorsque l'incendie sera éteint.

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Patrouille militaire au-dessus de Washington le 11/09/2001 - Joyce Naltchayan - AFP
Patrouille militaire au-dessus de Washington le 11/09/2001. Joyce Naltchayan - AFP

- Réservoirs pleins -

Au moment de s'écraser, l'avion en partance pour Los Angeles avait ses réservoirs encore pleins, puisqu'il venait à peine de décoller de l'aéroport international de Dulles, dans la banlieue de Washington. C'est donc une véritable bombe incendiaire qui est venue s'encastrer dans l'édifice.

Des centaines de curieux ont afflué durant toute la soirée : nombre d'entre eux étaient venus spécialement pour voir de leurs propres yeux la confirmation des images d'apocalypse retransmises depuis le début de la journée par les télévisions américaines.
Plusieurs d'entre eux, armés d'un appareil-photo ou d'un caméscope, échangeaient des commentaires sur l'endroit où ils se trouvaient au moment de la catastrophe.

C'est la première fois que le Pentagone, le plus grand immeuble de bureaux des Etats-Unis, est victime d'une attaque terroriste, et c'est un symbole qui s'effondre.

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Le président George W. Bush le 12/09/2001 au Pentagone - Paul J. Richards - AFP
Le président George W. Bush le 12/09/2001 au Pentagone. Paul J. Richards - AFP

- En guerre -

« Jamais je n'aurais cru que le Pentagone, qui est supposé être l'un des édifices les mieux protégés des Etats-Unis, puisse être victime d'un attentat », confie Rick Mollyneaux, venu à moto.

« Moi j'ai amené mes enfants. J'ai fait le Vietnam et je voulais qu'ils voient l'horreur de la guerre, car c'est la guerre qu'on a vue aujourd'hui sur le territoire américain », raconte Alexander Klein, les bras serrés autour de sa femme.

Dans le reste de la capitale fédérale, les rues ont été désertées dès le milieu de la journée, les magasins fermant les uns après les autres.

Tous les monuments du Mall, la grande esplanade allant du Capitole au Mémorial de Lincoln qui fait pendant au Pentagone sur la rive opposée du Potomac, ont été fermés. Le quartier de la Maison Blanche était quant à lui complètement bouclé.

La plupart de restaurants des quartiers habituellement animés ont aussi fermé leurs portes, donnant l'impression qu'un couvre-feu a été imposé dans la capitale fédérale, devenue en moins de 24 heures une capitale fantôme.