La variole éliminée par la vaccination

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Fiole de vaccin contre la variole lors d'un exercice à Los Angeles en 2003 - Mike Nelson - AFP
Fiole de vaccin contre la variole lors d'un exercice à Los Angeles en 2003. Mike Nelson - AFP

Par Agnès PEDRERO

Le dernier cas de variole contractée de manière naturelle a été recensé en 1977 en Somalie. Grâce à la vaccination, la maladie a été éradiquée et déclarée telle par l'OMS en 1980, comme le rappelle cette dépêche :

Genève (Suisse) , 8 mai 2020 (AFP) - Le 8 mai 1980, les membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) déclaraient à Genève que « tous les peuples » étaient « libérés de la variole », près de deux siècles après la découverte du vaccin.

« Son éradication constitue le plus grand triomphe de l'histoire en matière de santé publique », a estimé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d'une conférence de presse.

« Alors que le monde est confronté à la pandémie de Covid-19, la victoire de l'humanité sur la variole nous rappelle ce qui est possible lorsque les nations s'unissent pour lutter contre une menace sanitaire commune », a-t-il déclaré, soulignant que face à la variole l'URSS et les Etats-Unis avaient « uni leurs forces pour vaincre un ennemi commun ».

Dix ans après la création de l'OMS en 1948, l'URSS proposa, à l'occasion d'une réunion de l'organisation « dans un moment de détente dans la Guerre froide », que le monde s'attelle à l'éradication de la variole, a expliqué Larry Brilliant, épidémiologiste américain, à l'AFP. « Les Etats-Unis ont immédiatement accepté ».

Vaccin : Le vaccin contre la variole a été découvert à la fin du XVIIIe siècle, lorsqu'un médecin britannique s'aperçut que l'inoculation du virus de la variole de la vache (appelé vaccine) protégeait les humains.

Avant la vaccination, la population pratiquait la variolisation: une méthode très ancienne d'immunisation consistant à inoculer du pus, un procédé qui « protège efficacement mais l'inconvénient est qu'il laissait circuler la variole », a commenté Anne-Marie Moulin, médecin et philosophe au CNRS.

Or, « dans certains pays, la variolisation s'est poursuivie après la découverte du vaccin », a-t-elle expliqué à l'AFP, citant le cas de l'Inde, qui fut très touchée par la maladie.

La vaccination a été « l'élément principal de la victoire » contre le virus, mais ce succès est aussi le « résultat d'une collaboration internationale » basée sur des campagnes de prévention, de traitement et de diagnostic, a relevé Angela Teresa Ciuffi, de l'Institut de microbiologie de l'université de Lausanne.

Près de dix ans après l'appel lancé par la Russie, la variole faisait encore 2 millions de décès par an dans le monde, poussant l'OMS à lancer en 1967 son programme de lutte intensifié.

Le dernier cas de variole majeure remonte à 1975 au Bangladesh et le dernier cas de variole mineure à 1977 en Somalie. En 1978, toutefois, une photographe médicale britannique travaillant près d'un laboratoire faisant des recherches sur la variole fut infectée, et en décéda.

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Vaccination contre la variole à Paris en 1955 - AFP
Vaccination contre la variole à Paris en 1955 - AFP

Bioterrorisme : Il n'existe que deux laboratoires habilités à conserver les virus de la variole - à Koltsovo en Russie et Atlanta aux Etats-Unis - mais de vieilles fioles furent découvertes en 2014 dans un autre laboratoire américain.

La période écoulée depuis l'éradication a été marquée par un débat non résolu sur la destruction des derniers stocks de virus. D'après les experts, il est techniquement possible de le recréer en laboratoire, mais l'OMS l'interdit.

Plusieurs décennies après l'éradication de la variole, son spectre persiste, et s'est même renforcé avec la menace bioterroriste.

A côté de la variole, « le coronavirus n'est qu'un simple exercice d'entraînement » car aujourd'hui la majorité des personnes n'ont jamais été vaccinées et sont donc vulnérables, analyse pour l'AFP David Evans, virologue à l'université d'Alberta au Canada.

Si elle venait

 à être réintroduite, la variole « pourrait être dévastatrice au cours des premières semaines », d'autant que la pandémie de « Covid-19 a montré combien de temps il faut aux systèmes de santé publique pour activer leur logistique », estime Rosina Ehmann, de l'Institut de microbiologie des Forces armées allemandes.

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Vaccination antivariolique d'un militaire américain au Koweit, février 2003 - Mike Nelson - AFP
Vaccination antivariolique d'un militaire américain au Koweit, février 2003. Mike Nelson - AFP