Le masque, une histoire ancienne

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Homme déguisé en médecin de la Grande peste, à Leeds en mars 2020 - Oli Scarff - AFP
Homme déguisé en médecin de la Grande peste, à Leeds en mars 2022. Oli Scarff - AFP

Par Kelly MACNAMARA

Comme la quarantaine et le confinement, le masque n'est pas né en 2020 avec l'épidémie de Covid-19. Cette protection contre les maladies infectieuses a une histoire ancienne comme le raconte cette dépêche :

PARIS, 14 mai 2020 (AFP) - Effrayée par une maladie méconnue qui se répand, la population se précipite sur des masques de fortune, malgré un débat d'experts sur leur utilité. Familier ? L'histoire se passait il y a plus d'un siècle lors de la « Peste de Chine ».

Au milieu du XIXe siècle les microbes sont identifiés, permettant l'élaboration des « théories des germes » pour expliquer les mécanismes d'infection. Dans les années 1890, les masques apparaissent dans les salles d'opération.


 

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Homme avec un masque à Mexico le 22 juillet 2020 - Claudio Cruz - AFP
Homme avec un masque à Mexico le 22 juillet 2020. Claudio Cruz - AFP

C'est à ce moment là qu'une épidémie de peste émerge à Hong Kong, avant de se propager. Cette pandémie baptisée la « Peste de Chine » arrive en 1910 en Mandchourie. La peur est grande alors que la maladie au taux de mortalité de presque 100% n'emprunte les toutes nouvelles lignes de chemin de fer vers Pékin, voire l'Europe.

« Elle tuait toutes les personnes infectées, dans les 24 à 48 heures après les premiers symptômes », raconte Christos Lynteris, anthropologue à l'université St Andrews en Ecosse. « C'était apocalyptique ».

Wu Lien Teh, jeune docteur né en Malaisie et formé à Cambridge, est envoyé sur place. Il se bat pour convaincre ses collègues que la peste n'est pas seulement bubonique, liée à la morsure de puces infectées, mais aussi pulmonaire.

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Les protections contre les épidémies à travers les siècles - Alain Bommenel, Sabrina Blanchard - AFP
Les protections contre les épidémies à travers les siècles .Alain Bommenel/Sabrina Blanchard - AFP

« Innovant et scandaleux » : Les protections contre les épidémies à travers les siècles. Les protections contre les épidémies à travers les siècles - Alain Bommenel, Sabrina Blanchard - AFP
« Il pensait qu'un malade de la peste pulmonaire, dont les poumons sont infectés, pouvait transmettre la maladie aux autres par l'air, sans intervention des puces », explique Christos Lynteris. Cela impliquait le port du masque pour stopper la contagion. Un événement va secouer la population, raconte le docteur Wu dans son autobiographie: la mort du médecin français Gérald Mesny, qui, ne prenant pas au sérieux son jeune collègue, se rend sans protection en visite dans un hôpital. Contaminé, il succombe en quelques jours. Soudain la demande de masques explose. « Tout le monde en portait dans la rue, sous une forme ou une autre », raconte Wu. Wu « a essayé de développer un système d'attaches pour pouvoir porter un corps et que le masque tienne », indique Christos Lynteris, décrivant un développement « sans précédent » des masques pour les travailleurs à risque et la population générale.

La photographie de presse balbutiante attire l'attention du monde sur ces masques, qui deviennent partie intégrante de l'image de la peste et de « la façon dont nous imaginons une épidémie », poursuit-il.

Bec d'oiseau : Des siècles plus tôt, bien avant les théories microbiennes, les gens se protégeaient déjà le visage.

Par exemple, face à la peste bubonique au Moyen-Age, le costume complexe des docteurs européens incluait une sorte de masque en forme de bec d'oiseau, censé protéger contre les « miasmes », air vicié charriant matières en décomposition et mauvaises odeurs.

« On croyait alors que les atomes dangereux n'adhèreraient pas à des pantalons en cuir et des blouses en tissu ciré », explique l'historien Frank Snowden dans son livre « Epidémie et société: de la peste noire à nos jours ».

Il décrit ce masque en forme de bec « qui prolonge le nez et abrite des herbes aromatiques protégeant le porteur des odeurs mortelles de miasmes ».

Quelques siècles plus tard, les découvertes des scientifiques, de Louis Pasteur à Robert Koch, révolutionnent la compréhension des mécanismes d'infection.

Avec l'épidémie de Sras en Chine en 2003, les masques ont refleuri, devenant un accessoire incontournable dans les lieux touchés, notamment à Hong Kong.

Mais pas en Occident. Même si les masques étaient d'usage aux Etats-Unis lors de la fameuse épidémie de grippe de 1918, les sociétés occidentales « n'ont pas de mémoire » de cette crise, note Christos Lynteris.

« Alors l'introduction du masque aujourd'hui en Europe ou en Amérique, c'est une toute nouvelle expérience ».

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Quelle protection avec un masque grand public ? - AFP