Et Staline décéda : retour sur un scoop

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Joseph Staline
Photo prise en 1937 à Moscou de Yossif V. Dzhugashvili connu sous le nom de Joseph Staline, chef d'Etat soviétique 1879-1953 - AFP

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le bruit court que Staline est malade. La rumeur est invérifiable, mais on sait que "le petit père des peuples", né en décembre 1878 en Géorgie, se préoccupe beaucoup de sa santé : il se confie matin et soir aux soins de ses médecins particuliers et tous les deux jours, on lui administre une piqûre de "super-sérum" censé freiner le vieillissement.  

Au début des années 1950, ses apparitions publiques sont rares. Staline passe la plupart de son temps à sa datcha de Kountsevo, dans la banlieue de Moscou. En octobre 1952, il prend pour la dernière fois publiquement la parole pour clôturer les travaux du 19ème congrès du parti communiste de l'URSS, sans clarifier la question de sa succession.

Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le bruit court que Staline est malade. La rumeur est invérifiable, mais on sait que "le petit père des peuples", né en décembre 1878 en Géorgie, se préoccupe beaucoup de sa santé : il se confie matin et soir aux soins de ses médecins particuliers et tous les deux jours, on lui administre une piqûre de "super-sérum" censé freiner le vieillissement.  

Au début des années 1950, ses apparitions publiques sont rares. Staline passe la plupart de son temps à sa datcha de Kountsevo, dans la banlieue de Moscou. En octobre 1952, il prend pour la dernière fois publiquement la parole pour clôturer les travaux du 19ème congrès du parti communiste de l'URSS, sans clarifier la question de sa succession.

Le communiqué disait précisément que "le généralissime Staline a eu une hémorragie cérébrale subite qui, ayant envahi les parties vitales du cerveau, a entraîné une paralysie de la jambe droite et du bras droit ainsi que la perte de la conscience et de la parole". 

Les journalistes des écoutes sont dès lors en état d'alerte maximale, guettant toute nouvelle indication sur l'évolution de sa santé. Trois journalistes russophones et deux rédacteurs chargés de transmettre immédiatement le signal aux différents postes de transmission assurent une permanence 24/24. Une bande perforée à destination des téléscripteurs est préparée à l'avance.

Dans la nuit du 5 au 6 mars, Radio Moscou interrompt ses émissions habituelles. La voix grave et solennelle, un présentateur annonce qu'une information importante va être diffusée incessamment. Puis reprend la diffusion de musique classique, interrompue à plusieurs reprises, sans explication, pour laisser entendre uniquement le tic-tac d'une horloge... Peu après deux heures du matin, le programme musical est à nouveau interrompu. Un speaker annonce la nouvelle : Staline est mort.

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depêche sur la mort de Staline
Le premier flash de l'AFP annonçant la mort de Staline, le 6 mars 1953 - AFP

Le journaliste qui a l'honneur et la responsabilité d'informer les rédactions du monde entier est le responsable des écoutes russophones, Alexis Schiray. Le premier "flash" qu'il envoie tient en deux mots :  "Staline décéda" - une formule au passé simple couramment utilisée à l'époque. Il est diffusé 5 secondes après l'annonce par Radio Moscou.

Un peu plus tard, dans le premier bulletin d'informations radio, précédé comme d'habitude de l'hymne soviétique, un speaker qui s'efforce de détacher chaque syllabe et parle avec une lenteur pesante donne lecture d'un communiqué officiel, annonçant la mort de Staline à 21H50 locales la veille, des suites d'une insuffisance du système respiratoire et des vaisseaux cardiaques.

Témoin de la lenteur des transmissions de l'époque, l'avance de l'AFP sur les agences de presse concurrentes, de quelques minutes à peine au départ, augmente avec la distance. Dans certaines régions d'Asie ou d'Amérique latine, elle dépasse une heure. Un écart énorme pour une information d'une telle importance.

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La Une du journal l'Humanité
La Une du journal "L'Humanité" datée du 06 mars 1953, au lendemain de la mort de Staline - AFP

 

La suite est dans les livres d'histoire : la dépouille mortelle est transférée à la Maison des Syndicats, dans le centre de Moscou. Dès 16H00, le 6 mars, les Soviétiques défilent pour rendre hommage au Maréchal qui les dirige depuis 1928. On estime que cinq millions de personnes au total défileront sur 10 kilomètres de file d'attente.

En coulisses, la bataille pour la succession de Staline commence. Nikita Khrouchtchev finira par l'emporter. Il ouvrira la voie à la déstalinisation et à la révélation progressive des persécutions perpétrées sous son règne, symbolisées par le système du goulag. 

En pleine guerre en Ukraine, la Russie de Vladimir Poutine semble aujourd'hui revenir en arrière. 

En février 2023, à la veille du 80e anniversaire de la victoire de Stalingrad, un buste de Staline a été inauguré à Volgograd, la ville des bords de la Volga qui fut le plus grand champ de bataille de la Seconde guerre mondiale. Baptisée Stalingrad en 1925, elle fut renommée Volgograd en 1961. 

Depuis la chute de l'URSS, les autorités russes ont eu souvent une position ambivalente à l'égard de Staline : officiellement dénoncé pour la Terreur d'État qu'il a orchestrée depuis les années 1930 et jusqu'à sa mort, mais respecté pour son rôle dans la victoire de l'URSS sur l'Allemagne nazie. Un aspect de son règne mis en avant par Poutine depuis le début de la guerre en Ukraine, visant officiellement à "dé-nazifier" ce pays.

Making-of de l'AFP rédigé par Catherine Triomphe 

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