Objectifs :
■ Comprendre le rôle d'une photographie de presse
■ Comprendre l'importance de la légende photo
■ S'interroger sur l'objectivité d'une photographie de presse
■ S'interroger sur la diffusion de la photographie de presse et ses lecteurs
■ S'interroger sur les droits d'auteur
■ S'interroger sur le droit à l'image
- Le rôle d'une photographie de presse -
La photo de presse apporte une information en rapport avec un fait d’actualité. Elle aide à la compréhension des événements.
- L'importance de la légende -
Il est nécessaire d’avoir accès à la légende qui accompagne la photographie de presse pour ne pas faire d’erreur d’interprétation car il est possible de donner à l'image différents sens en fonction de l’actualité, de nos connaissances, de nos références culturelles… Sans la légende de la photo ci-dessus, nous ne savons pas qui est cette femme, comment elle a été blessée, pourquoi? Nous ne pouvons faire que des suppositions. A-t-elle eu un accident de voiture? A-t-elle été battue ?
A l’AFP, la légende photo est rédigée par les éditeurs photo. Pour légender la photo, les éditeurs utilisent la règle journalistique des cinq "W" (de l'anglais, Who ? When ? What ? Where ? Why ?. Cette règle qui répond aux questions, Qui ? Quand ? Quoi ? Où ? Pourquoi ? et si possible, Comment ?, permet de donner tout son sens à la photo, de situer le contexte et de comprendre son récit.
- Utilisation de la règle "des cinq W" avec la légende de la photo d'Aris Messinis -
Qui ? Helena, une enseignante de 53 ans, Quoi ? a été blessée par des bris de verre Où ? dans la ville de Tchougouiv, dans l'est de l'Ukraine, Quand ? le 24 février 2022, Comment ? après un bombardement qui a détruit son immeuble. Pourquoi? Les forces armées russes tentent d'envahir l'Ukraine en utilisant des systèmes de roquettes et des hélicoptères pour attaquer les positions ukrainiennes, quelques heures après que le président Vladimir Poutine a annoncé le lancement d'une offensive majeure.
- La légende photo permet de contextualiser et donner un sens au cliché, mais pouvons-nous dire qu'une photographie de presse est objective ? -
Une image est réalisée par une ou un photographe, c’est donc une construction subjective car sa réalisation nécessite des choix, et s’inscrit dans un contexte social, culturel, politique, historique…. elle perd souvent (en partie ou en totalité) son sens, sortie de ce contexte ; elle est un signe, elle transmet un message. Le regard, le cadre et l’angle de vue sont choisis par le photographe, c’est pour cela qu’une photo de presse ne reproduit qu’une partie du réel. Quand Aris Messinis a pris sa photo, il a fait des choix pour transmettre un point de vue, le sien. D'autre part, la photo de presse est destinée à un lecteur ou un spectacteur dont le regard est aussi défini par des éléments subjectifs.
- La diffusion -
Dans le cas de la photographie que nous avons pris en exemple, elle a été diffusée par l'Agence France-Presse. L’AFP est une agence mondiale d’information : elle est présente dans plus de 150 pays où elle a des bureaux et des correspondants (des journalistes texte, photo et vidéo) qui assurent une couverture complète et vérifiée de l’actualité. Une grande partie des médias du monde entier (télévisions, radios, presse écrite, sites internet) est abonnée à l’AFP pour recevoir toutes ses informations. La photographie d'Aris Messinis est devenue une "image symbole" de la guerre en Ukraine par sa qualité mais aussi parce qu'elle a été reprise par les médias du monde entier.
- Droits d'auteur -
La photo doit mentionner ce que l’on appelle le crédit photo car les images ont un prix, un propriétaire. Le crédit photo indique le nom de l’auteur qui reçoit des droits d'auteur. Il y a aussi le nom de la société où le photographe travaille. Par exemple, pour cette photo, le photographe est Aris Messinis qui travaille à l’AFP. Enfin, en indiquant que la photo est distribuée par l'AFP, les médias savent que les images sont faites par des professionnels, qu'elle sont vérifiées, sélectionnées et légendées.
- Droits à l'image -
Le droit à l’image est rattaché à l’article 9 du code civil qui pose le principe de la vie privée. C’est le droit qui est reconnu à toute personne de s’opposer à la reproduction et à la diffusion de son image.
Le principe : « Toute personne a sur son image et sur l’utilisation qui en est faite un droit exclusif et peut s’opposer à sa diffusion sans son autorisation expresse et spéciale ». Par exemple pour photographier des élèves, il faut l’autorisation des parents parce qu’ils sont mineurs. Pour photographier un professeur en classe, il faut son autorisation écrite. Celui qui publie l’image d’une personne sans son autorisation s’expose à des poursuites en justice et à une condamnation à des dommages et intérêts. Toutefois, il existe une exception : si la publication d’une photographie constitue l’illustration pertinente d’une information légitime, sa publication sans autorisation sera licite, à condition qu’elle ne porte pas atteinte à sa dignité. Enfin, il est important de savoir que même si une personne donne son accord pour une photo, cela ne revient pas à donner son accord pour une publication sur les réseaux sociaux.
Une photographie de presse peut-elle être détournée pour devenir une infox véhiculée sur les réseaux sociaux ?
Effectivement, le cliché d'Aris Messinis a été utilisé sur certains comptes Twitter pour véhiculer des infox. Certains tweets remettent en question l'information, et se demandent pourquoi les médias utilisent la même femme qui a survécu en 2018 à une explosion de gaz pour raconter une autre histoire. D'autres tweets indiquent que la femme sur la photo est une comédienne professionnelle engagée pour servir la cause ukrainienne. Pour vous aider à débusquer les infox véhiculées sur les réseaux sociaux, consultez la rubrique "Pour aller plus loin".