La déségrégation à petits pas
Voici une série d'exemples de décisions de justice et d'actions ayant mis fin à la ségrégation sur l'ensemble du territoire à la fin des années 60, tirés de dépêches de l'AFP.
- En attendant le train ... -
WASHINGTON, 17 octobre 1960 (AFP) - Le révérend Martin Luther King (...) a annoncé à la presse à l'issue d'un entretien avec le président Kennedy à la Maison Blanche que les trois grands réseaux de voies ferrées desservant le sud des Etats-Unis avaient décidé d'ouvrir toutes leurs salles d'attente, restaurants, buffets et autres lieux publics de leurs gares aux voyageurs de toutes races.
- Dans les écoles -
LA NOUVELLE-ORLEANS (Louisiane), 4 décembre 1960 (AFP) - Un pasteur méthodiste qui mène l'opposition contre la ségrégation raciale dans les écoles de la Nouvelle-Orléans a été conspué par ses paroissiennes. Le révérend William Foreman fut le premier père de famille blanc à envoyer sa fille dans une école où les Noirs venaient d'être admis lorsque l'intégration commença il y a une semaine, provoquant les désordres que l'on sait. A la fin de la semaine, une dizaine d'enfants blancs avaient suivi l'exemple de la fille du pasteur. Lorsque le révérend est entré ce matin dans son église pour y célébrer le service il a été accueilli par une foule de femmes blanches qui hurlaient "ami des nègres", "sans lui, nous aurions gagné".
ATLANTA (Géorgie), 19 février 1961 (AFP) - Une lettre pastorale a été lue aujourd'hui dans les églises des diocèses catholiques d'Atlanta et Savannah (Géorgie) et de Charleston (Caroline du Sud), demandant aux fidèles de se préparer à ouvrir les écoles catholiques à tous les enfants, sans discrimination raciale.
« Les enfants catholiques sans distinction de couleur seront admis dans les écoles catholiques aussitôt que cela pourra être fait sans danger pour les enfants ou pour les écoles et certainement pas plus tard que les écoles publiques », déclarent les évêques de ces trois diocèses.
- Dans les bus inter-Etats -
WASHINGTON, 23 septembre 1961 (AFP) - La commission fédérale du commerce inter-Etats a émis un règlement interdisant à partir du 1er novembre toute ségrégation raciale dans les autocars desservant plus d'un Etat et dans les gares et stations où ces autocars s'arrêtent. Le nouveau règlement ne fait qu'appliquer aux transports en commun la politique fédérale antiségrégationniste et a été suscité directement par les arrestations des "pèlerins de la liberté" dans les stations d'autobus de divers Etats du Sud, notamment à Jackson (Mississippi) où 306 "pèlerins" ont été arrêtés depuis le 24 mai 1961.
- Sur la route Washington-New York -
BALTIMORE, 12 novembre 1961 (AFP) - Les partisans de l'intégration raciale aux Etats-Unis ont remporté une victoire dans la région de Baltimore. La majorité des restaurants bordant la route qui relie Washington à New York seront désormais ouverts aux clients noirs comme aux blancs.
La présence de diplomates africains de plus en plus nombreux aux Etats-Unis, appelés à se déplacer entre Washington et New York rendait d'autant plus délicate l'application de la discrimination raciale dans les restaurants de cette région. Le second secrétaire de l'ambassade du Niger, M. CC Uchuno, avait rapporté ainsi le 7 janvier 1961 qu'un restaurant de Charleston lui avait servi son petit-déjeuner dans un sac et qu'on l'avait prié d'aller manger dehors.
- Madame, Mademoiselle, Monsieur -
WASHINGTON, 31 mars 1964 (AFP) - Les Noirs devront être appelés Monsieur, Madame, ou Mademoiselle devant les tribunaux, tout comme les Blancs, a décidé la Cour suprême des Etats-Unis. Dans les Etats sudistes, on appelle toujours les Noirs par leur prénom.
La décision de la Cour suprême a été prise sur appel de Mlle Mary Hamilton, secrétaire du congrès pour l'égalité raciale de l'Alabama qui avait été condamnée pour outrage à la magistrature par un tribunal de cet Etat. Elle avait refusé de répondre aux questions du juge qui s'obstinait à l'appeler par son prénom. La Cour suprême a cassé la condamnation en affirmant qu'elle était une « violation manifeste » du devoir des Etats d'assurer à tous les citoyens l'égalité devant la loi.
- Dans les commerces -
GREENWOOD (Mississippi), 29 avril 1968 (AFP) - Les commerçants blancs de Greenwood ont promis d'accéder à toutes les revendications des Noirs à la suite du boycottage depuis le 11 avril de leurs magasins. Le boycottage a été suivi à 100% à Greenwood, qui sur 20.000 habitants compte 45% de Noirs (...).
Les commerçants ont promis d'embaucher des Noirs et de traiter tous leurs clients avec la même déférence et la même courtoisie. Ils ont également promis de faire pression sur le conseil municipal pour que celui-ci reçoive les leaders noirs (...).
Ce boycottage a été organisé par des pasteurs pour canaliser la colère des Noirs après l'assassinat du pasteur King. Le mouvement, essentiellement mené par des Noirs, compte cependant parmi ses trois directeurs un prêtre catholique blanc, stratège de l'opération.
- Logement pour tous -
MILWAUKEE (Wisconsin), 1er mai 1968 - Une loi interdisant toute discrimination dans la location ou vente de tout immeuble d'habitation a été votée par le conseil municipal de Milwaukee (Wisconsin) par 15 voix contre 4. (...)
Le vote de cette loi est l'aboutissement d'un an de lutte et manifestations des Noirs de Milwaukee. D'août 1967 à mars 1968, ils ont organisé quotidiennement des manifestations, défilés, réunions pour protester contre la discrimination raciale en matière de logement. Au mois d'août dernier, des troubles avaient éclaté dans les quartiers noirs de la ville qui compte 86.000 Noirs pour une population de 800.000 habitants. (...)