Scènes de racisme ordinaire
Voici des extraits de dépêches diffusées entre 1956 et 1960 qui font état de scènes de racisme dans le quotidien des Américains, notamment dans les Etats du Sud où s'organise une résistance contre la fin de la ségrégation décidée en 1954 par la Cour Suprême.
- La couleur du sang -
WASHINGTON, 17 septembre 1956 (AFP) - Les Noirs ne possèdent pas la même capacité pour les études que les Blancs, affirme un professeur américain.
« Ce fait, ajoute le Dr Frank McGurk, professeur adjoint de psychologie à l'université de Villanova (Pennsylvanie), a été pleinement démontré au cours de nombreux tests effectués depuis 1918 ».
Dans ses conclusions parues dans un article publié dans la revue US New World Report, il déclare que la supériorité des Blancs est confirmée par le fait qu'ils ont su mieux profiter que les Noirs des possibilités d'avancement dans les domaines social et économique qui se sont présentées dans une mesure égale aux deux races depuis la fin de la Première guerre mondiale.
BATON ROUGE (Louisiane), 17 juillet 1958 (AFP) - Le gouverneur de la Louisiane a signé une loi obligeant la Croix rouge américaine à indiquer sur les bouteilles de plasma sanguin la race du donneur de sang. Cette loi n'est cependant pas applicable dans les cas exceptionnels d'urgence.
- Amours interdits -
INDIANAPOLIS, 11 novembre 1957 (AFP) - Le tribunal pour enfants de Fort Wayne a jugé un jeune Noir et une jeune Blanche, âgés tout deux de 17 ans, parce qu'ils refusaient de cesser leurs rendez-vous. Le jeune homme a été condamné à six mois de détention dans une institution agricole de redressement et la jeune fille envoyée pour un temps indéterminé dans une école pour délinquantes. Les deux jeunes gens avaient été arrêtés sur la plainte de la mère de la jeune fille.
- Dans les écoles -
WASHINGTON, 28 décembre 1956 (AFP) - Une commission d'enquête de la Chambre des représentants a décidé par six voix contre quatre de recommander que la ségrégation des enfant blancs et noirs soit rétablie dans les écoles de Washington.
« Les faits montrent, dans leur ensemble, qu'une détérioration de l'enseignement aussi bien pour les Blancs que pour les Noirs a résulté de l'intégration, sans qu'il semble y avoir beaucoup de chance de porter remède à cette situation dans l'avenir », déclare le rapport publié par cette commission.
« Nous recommandons donc que des écoles séparées soient rétablies pour l'éducation des élèves blancs et noirs et que ces écoles soient maintenues sur la base de leur séparation et de l'égalité ».
Les écoles de la capitale américaine ont été « intégrées » depuis la rentrée scolaire de septembre 1954.
- Dans l'armée -
CHARLESTON (Caroline du Sud), 28 avril 1956 (AFP) - Le général Mark W. Clark, ancien commandant en chef des forces des Nations Unies en Extrême-Orient, a déclaré qu'il avait toujours été opposé à l'intégration raciale dans les forces armées et qu'il n'avait modifié en rien sa position.
« Parmi les divisions placées sous mon commandement au cours de la campagne d'Italie, la pire était entièrement composée de Noirs, a-t-il dit. On ne pouvait lui faire confiance. Elle déguerpissait devant l'ennemi ».
- Dans les bus -
TALLAHASSEE (FLORIDE), 4 mars 1957 (AFP) - Trois étudiants noirs de l'université des arts et métiers de Floride ont été condamnés aujourd'hui à 60 jours de prison et 500 dollars d'amende (le maximum prévu par la loi) pour avoir contrevenu aux règlements sur la ségrégation des races dans les autobus de la ville. L'avocat des trois étudiants a annoncé qu'il ferait appel.
- A l'université -
HOUSTON (Texas), 7 mai 1957 (AFP) - Le Houston Post annonce que l'université du Texas a renoncé à confier le rôle de Didon de l'opéra de Puccini « Dinon et Enée » à Miss Barbara Smith, jeune étudiante noire de 19 ans.
Miss Smith devait chanter son rôle face à un jeune ténor blanc. Mais certains parlementaires du Texas ont fait valoir qu'il ne serait pas bon pour le renom de l'université de confier à des jeunes gens de race différente l'interprétation des amants légendaires.
L'université a été ouverte pour la première fois aux Noirs en septembre dernier.
- Au restaurant -
MONTGOMERY (Alabama), 8 juin 1960 (AFP) - Sept Noirs et un Blanc ont été condamnés par un tribunal de Montgomery à une amende de 100 dollars chacun, pour avoir déjeuné ensemble dans un restaurant de la ville en mars dernier. Le juge a fait valoir que ce déjeuner constituait un acte de provocation destiné à susciter un incident racial étant donné la tension raciale qui règne à Montgomery. (...) A l'origine, 13 Blancs étaient accusés mais 12 d'entre eux ont déjà été acquittés à l'issue d'un procès séparé.