John F. Kennedy, le mythe et l'homme politique

 

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Kennedy à New York lors de la campagne présidentielle, le 14 mai 1960 - AFP
Kennedy à New York lors de la campagne présidentielle, le 14 mai 1960 - AFP

Deux ans seulement après avoir été élu plus jeune président des Etats-Unis, John Kennedy est tué à Dallas le 22 novembre 1963. Il n'a que 46 ans. Cet assassinat fait entrer "JFK" dans le panthéon des mythes américains.

Beau, riche, intelligent et courageux, ce prince du nouveau monde - qui formait avec sa femme Jacqueline un couple apparemment idéal - restera dans l'histoire comme un homme éternellement jeune. Au-delà de cette image dont il a su jouer, il fut un homme politique qui dirigea les Etats-Unis pendant mille jours, au plus fort de la guerre froide et d'importants changements sociétaux.  

 

 

- Fils d'une dynastie - 

John Fitzgerald Kennedy est né le 29 mai 1917 à Brookline, une banlieue huppée de Boston (Massachusetts), dans une riche famille catholique d'origine irlandaise.

Il est le second fils des neuf enfants de Rose Fitzgerald - fille du maire de Boston - et de Joseph Patrick Kennedy, spéculateur florissant d'une fortune héritée du commerce de l'alcool. Joe a investi dans le cinéma et l'immobilier tout en courtisant le président Franklin Roosevelt. Après la crise de 1929, ce dernier le nomme gendarme de la Bourse de Wall Street puis ambassadeur à Londres, le poste le plus prestigieux de la diplomatie américaine. Le patriarche Joseph n'a qu'un rêve: voir son fils aîné Joe Jr à la Maison Blanche.

Mais lorsque ce dernier meurt dans l'explosion de son avion militaire au-dessus de l'Angleterre en 1944, tous les espoirs du clan Kennedy se reporte vers John. 

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Joseph et Rose Kennedy en mars 1938, à Hyannis Port (Massachusetts) - AFP
Joseph et Rose Kennedy en mars 1938, à Hyannis Port (Massachusetts) - AFP

Démobilisé en 1945, John s'essaie au journalisme puis grâce à l'argent paternel (qui a légué à chacun de ses enfants un million de dollars à sa majorité), il se lance en politique. A 29 ans, il entre à la Chambre des représentants comme démocrate. Dès lors, il ne cesse de penser à la présidence avec un entêtement d'Irlandais et le soutien de la tribu Kennedy.

Depuis son enfance, le futur président a été entraîné à la lutte, au ballon comme dans les discussions politiques du déjeuner. Les jeunes Kennedy avaient coutume de s'encourager à l'aide d'un "go" plein de volonté.

Avec Joe Jr, son brillant rival, il entre à Harvard en 1936 où il pratique tous les sports. C'est au cours d'une partie de football américain qu'il est blessé à la colonne vertébrale, blessure dont il souffrira toute sa vie. Celle qu'il reçut pendant la guerre, dans le Pacifique, ne fit que l'aggraver.

- Un héros de guerre - 

En 1938, à la veille de la 2e Guerre mondiale, John doit abandonner l'université et vivre avec son père à Londres. Il en profite pour voyager en Europe.

Après l'entrée des Etats-Unis dans la guerre, John Kennedy, engagé dès le printemps 1941 dans la marine, est affecté à une division de torpilleurs.

En août 1943, son torpilleur est coulé au large des îles Salomon. Malgré une commotion qui devait l'immobiliser à nouveau pour de longs mois, il sauve la vie de plusieurs soldats, tirant l'un d'eux par sa ceinture de sauvetage, une courroie entre ses dents.

Lors de l'été 1944, il est encore hospitalisé quand il apprend la tragique disparition de son grand frère Joseph.

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JFK, élu candidat démocrate pour la présidence des Etats-Unis, à la Convention de Los Angeles, le 14 juillet 1960 - AFP
JFK, élu candidat démocrate pour la présidence des Etats-Unis, à la Convention de Los Angeles, le 14 juillet 1960 - AFP

- Candidat infatigable - 

En 1946, il entre sur la scène politique comme candidat au parlement du Massachusetts. Il imprime déjà à sa campagne électorale sa forte personnalité et son goût pour l'indépendance. En 1952, il devient sénateur.

Le 2 janvier 1960, il annonce sa candidature à la présidence. Le 13 juillet, le parti démocrate le désigne pour combattre le républicain Richard Nixon, alors vice-président des Etats-Unis.

Son frère Robert, dirige sa campagne, Edward, le plus jeune s'occupe de l'ouest du pays. Ses soeurs et sa mère reçoivent les soutiens. En 1960, John Kennedy, infatigable mais sous anti-douleurs, parcourt 400.000 kms à travers les Etats-Unis. Pendant un an, un bimoteur Convair lui sert de maison volante. Chaque jour, il serre des milliers de mains, apprend le nom des chefs locaux du parti et charme ses concitoyens avec son sourire et la beauté de sa femme Jacqueline qu'il a épousée en 1953. 

- La "Nouvelle Frontière" - 

Pour lui, le monde est confronté à des problèmes nouveaux, le défi de l'Union soviétique auquel son prédécesseur Eisenhower a si mollement répondu, la volonté d'indépendance des nouvelles nations, les perspectives économiques qu'ouvrent l'automatisation, le nucléaire et la course à l'espace.

Elu avec moins de 120.000 voix d'avance sur Nixon, JFK, premier président catholique de l'histoire des Etats-Unis, arrive en janvier 1961 à la Maison Blanche. C'est un homme nouveau qui va rompre avec les administrations précédentes.

Il engage un dialogue avec le Kremlin, laissant de côté les alliés traditionnels anglais et européens.

Le 3 juin 1961, il rencontre à Vienne Nikita Khrouchtchev qui méprise sa jeunesse. Quelques espoirs naissent de cette entrevue. Mais la détente est loin d'être mûre.

Prudent, Kennedy fait un détour par Londres, donne sa bénédiction au Marché Commun. Malgré tout, l'idée selon laquelle les deux forces réelles du monde se trouvent aux Etats-Unis et en URSS et que de l'entente de ces deux pays dépend la paix universelle, transparaît presque quotidiennement depuis la Maison Blanche.

La crise de Cuba à l'automne 1962 vient interrompre brutalement cette lente recherche de coexistence. Le monde est au bord de la guerre. John Kennedy ne faiblit pas. Après l'affaire de Cuba, l'idée d'une ligne de téléphone directe entre la Maison Blanche et le Kremlin s'impose.

L'accalmie permet d'aboutir à la conclusion en juillet 1963 de l'accord de Moscou sur l'interdiction des essais nucléaires autres que souterrains.

- La lutte contre la ségrégation  - 

Sur le plan intérieur, les Etats-Unis sont déchirés: entre noirs et blancs les choses s'enveniment et les émeutes du Sud gagnent le Nord. D'abord désireux de ménager les intérêts de ses soutiens démocrates du Sud (partisans de la ségrégation), Kennedy finit par se montrer ferme. Il impose une nouvelle loi pour réparer les injustices dont souffrent les noirs. Il soulève d'immenses espoirs mais aussi des haines tenaces.

La lutte qu'il engage contre les gouverneurs démocrates des Etats du Mississipi et de l'Alabama dépasse les frontières des Etats-Unis.

Elle est suivie par des millions d'hommes en Afrique, en Asie et dans chaque Etat issu de la décolonisation. Kennedy sait que la cause des noirs américains est un test mondial.

Il engage dans la lutte, avec son dernier "go", toutes ses forces de persuasion et sa carrière politique. C'est en pleine campagne pour sa réélection l'année suivante qu'il tombe le 22 novembre 1963, au Texas (Etat républicain), sous les balles de Lee Harvey Oswald, seul tueur reconnu officiellement.

 

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Rétrospective Kennedy - INA